POSSESSION

en VOD

Isabelle Adjani porte le double rôle tragique d’Anna/Helen : l’actrice a reçu pour cela le Prix d’Interprétation Féminine à Cannes en 1981 et son premier César de la meilleur actrice l’année suivante. L’actrice dira pourtant plus tard regretter d’avoir tourné « Possession », le scénario et le tournage l’ayant obligée à explorer des traumatismes intimes qu’elle aurait préféré ne jamais mettre au jour...

Andrzej Zulawski nous a quitté en 2016 à l’âge de 75 ans, laissant une filmographie exigeante dans des genres très différents. Si « Possession » explore la veine fantastico-horrifique, on peut également citer « L’important c’est d’aimer » où Romy Schneider incarne une actrice obligée de jouer dans des pornos, « La femme publique » avec Valérie Kaprisky dans le rôle d’une comédienne médiocre remarquée pour son physique, « L’amour braque » avec Sophie Marceau dans une adaptation de « L’idiot » de Dostoievsky ou encore « Mes nuits sont plus belles que vos jours » avec cette même actrice qui fut aussi la compagne du réalisateur...

Malgré ses ressorts fantastiques, « Possession » est un film très personnel pour Zulawski. Le réalisateur polonais vit à la fin des années 70 un divorce douloureux et il est dans le même temps victime de la censure communiste dans son pays d’origine. Exfiltré à l’Ouest, il se réfugie à Berlin où il écrit le scénario et tourne son histoire juste à côté du « mur » : tout un symbole de son existence d’alors...

La créature du film a été imaginée par un grand spécialiste des effets spéciaux, Carlo Rambaldi, (le « papa » de « E.T », des aliens de « Rencontres du 3e type » ou du « King Kong » version 1976). Elle confère à « Possession » sa dimension SF, au cœur d’un film du même tenant obsédant, fascinant et dérangeant que « Rosemary’s baby » et « Le locataire » de Polanski dans lequel on retrouve également Isabelle Adjani...

Étant donnée l'affiche du film, évoquant une version érotique du mythe de Méduse, et la catégorie du film à l'orée des genres dramatique et horrifique, on ne saurait mieux induire en erreur le spectateur égaré qui passait simplement par là et qui découvre par hasard ...

Certains longs métrages laissent une trace indélébile dans l’esprit du spectateur. Des films qui épuisent leur forme réaliste pour s’engouffrer dans une dynamique du fantastique et toucher de près la transcendance. Possession fait partie de ces œuvres poreuses, grinçantes ...

Le ton est donné dès l'allitération du titre : Possession annonce bien le subtil et sournois encerclement de la conscience ensorcelée. Mais par quoi ? Il faudra accepter de ne pas tout comprendre dans ce film, et de savourer cet égarement, en se laissant simplement prendre ...