VIOLETTE ET FRANÇOIS

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En 1976, quand le film a été tourné, la France tournait le dos aux Trente Glorieuses mais sa jeunesse continuait à renier les valeurs bourgeoises de ses parents et leur conformisme social. Violette, une très jolie jeune femme, est dans ce cas. Très amoureuse, elle a rompu avec sa riche famille et partage une vie de bohème avec François et leur fils Paul. Ils vivent de rien ou de pas grand chose, surtout d'amour, de beaucoup d'amour et d'un peu d'eau fraîche. 

Le film commence brutalement par une scène pudiquement tournée. A travers une porte opaque, on assiste à une violente altercation et Violette est licenciée de la banque où elle travaillait. Qu'importe...

A l'époque il n'est pas si difficile de retrouver un boulot (quoique). Et puis François s'en fout. Lui vit au jour le jour, s'échappe régulièrement sans donner de nouvelles. Il aime la musique, les femmes, veut lancer un journal, s’improvise agent immobilier. Et puisque rien ne marche et que tout va mal, il se met à voler. 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver DOMICILE CONJUGAL DE FRANÇOIS TRUFFAUT (Parce qu'il retrace lui aussi l’impossible vie conjugale avec un homme en quête de lui-même alors qu’il vient de se marier et d’avoir un enfant) ou encore CLARA ET LES CHICS TYPES DE JACQUES MONNET (Parce qu'Isabelle Adjani y incarne encore une fois la liberté de vivre et d'aimer comme elle l'entend, le sujet de société majeur des années 1970).

A sa sortie en mars 1977, Violette et François a été bien reçu, attirant prsè de 900 000 spectateurs. Il faut dire que son réalisateur Jacques Rouffio sort d’un succès marquant, Sept morts sur ordonnance et que ses interprètes principaux sont alors ce qui se fait de mieux dans le cinéma français. Isabelle Adjani est la gloire montante de l’époque et elle est excellente dans le film. Elle vient d’enchaîner les tournages auprès de François Truffaut – L’histoire d’Adèle H – de Roman Polanski – Le Locataire – d’André Téchiné – Barocco – qu’elle retrouvera bientôt pour Les soeurs Brontë. Jacques Dutronc, plus inattendu, sort de L’important c’est d’aimer d’Andrzej Zulawski, de Mado de Claude Sautet ou du Bon et les méchants de Claude Lelouch. Mais, le rôle de François, l’inconséquent taiseux mais charmant, meurtri par une histoire familiale déstructurée, lui va comme un gant. Enfin, le scénario est signé Jean-Loup Dabadie, l’auteur le plus à même de décrire avec une précision d’horloger la France des années 1970. 

Violette et François a un charme un peu suranné mais réel dans la peinture de la vie parisienne de l’époque. Les rues bouchées, les façades noircies, les voitures omniprésentes et surtout cette liberté de vivre, cette liberté d’être qui a disparu depuis. L’époque était aux tenues extravagantes qui semblaient naturelles, aux mélanges de style, à la rupture des conventions et à une vraie possibilité de vivre comme on le souhaitait. Les grands magasins n’avaient ni antivol, ni caméra, ni vigile. Les voitures se garaient n’importe où. Les jeunes se mariaient sur un coup de tête, les mariés habillés du même costume… Même si le film retrace le parcours de deux paumés, leur marginalité ne les met pas au ban de la société. Ce qui ne sera bientôt plus le cas. Et l’on perçoit très bien ce désenchantement à venir.

Enfin, c’est un plaisir fort que de retrouver une pléïade d’acteurs remarquables : Serge Reggiani, Lea Massari et surtout, encore, Isabelle Adjani, alors excellente actrice et pas encore star. Au meilleur de sa forme donc. 

Dutronc et Adjani, sacré duo pour un film en demi-teintes qui cache une mélancolie assez grinçante sous ses dehors de comédie romantique un brin déjantée. Le grand Jacques joue comme souvent un personnage cynique, ici un père de famille irresponsable peu porté sur le travail ...

Tout ce que j'aime dans le cinéma français des 70's est là. Acteurs déments, super réal de Rouffio, et Dabadie prouve qu'il est aussi à l'aise dans le drame, en l'occurence, là, d'un couple de cleptomanes. Précieux. ...