THE GIRL IN THE ARMCHAIR en VOD
- De
- 1912
- 13 mn
- Drame
- Etats-Unis
- Tous publics
- VF - HD
Réalisé par
PARCE QUE
Fortes, effrontées, intrépides et, parfois, dévouées, les femmes font pleinement partie du cinéma d’Alice Guy. The girl in the armchair en apporte une nouvelle fois la preuve avec le personnage de Peggy, jeune héritière richissime qui tombe amoureuse de Frank Watson, un jeune homme auquel, malheureusement, elle plaît moins que les jeux d’argent. Le voyant endetté jusqu’au cou, la jeune femme, réfugiée sur un fauteuil dans une scène pivot du court-métrage, décide tout de même de l’aider. Si elle n’est donc pas l’héroïne de l’histoire, Peggy en est la clef de résolution, au point d’avoir les honneurs du titre du film. Ce faisant, Alice Guy renverse avec brio les rapports de force traditionnels qui veulent que ce soient les hommes qui viennent en aide aux demoiselles en détresse.
Mais ce n’est pas le seul aspect novateur de ce court-métrage réalisé en 1912, alors qu’Alice Guy, première femme réalisatrice, est aussi devenue la première productrice de cinéma en montant un studio dans le New Jersey. Dans une scène impressionnante, la cinéaste utilise le procédé de surimpression pour créer de toute pièce un cauchemar. Son personnage masculin est allongé dans un lit pendant que tournent autour de lui des cartes, comme autant de mains perdantes au poker qui viendraient le hanter. Si Alice Guy n’est alors pas la seule à se lancer dans l’aventure des effets spéciaux (George Méliès l’a précédée), sa maîtrise ne fait aucun doute.
Comme nombre de courts-métrages d’Alice Guy, The girl in the armchair est construit sur une succession de plans fixes. La réalisatrice a ensuite l’art d’étoffer ce dispositif assez simple en soignant ses décors et le déplacement de ses comédiens. Un escalier en arrière-plan permet non seulement de les faire monter ou descendre, mais surtout de jouer avec les regards. Le fameux fauteuil occupe la même fonction, dissimulant Peggy à la vue des autres personnages tout en la révélant à celle des spectateurs. Dans une scène dans un bar, Frank Watson se laisse convaincre d’aller jouer de l’argent. C’est grâce à un personnage de serveur, laissé au loin derrière son bar, qu’Alice Guy bâtit sa tension dramatique. Le sourire narquois de ce second rôle silencieux laisse deviner le piège qui va se refermer sur le jeune homme.
Mais la cinéaste sait aussi se montrer inventive dans la légèreté. The girl in the armchair figure ainsi une scène de baiser impertinente et malicieuse, toute de pudeur enrobée. Avec vingt ans d’avance sur le code Hays, qui instaurera aux États-Unis une censure systématique de toutes les démonstrations d’affection dans les films, Alice Guy faisait preuve d’imagination pour suggérer plutôt que démontrer.