GREATER LOVE HATH NO MAN en VOD
- De
- 1911
- 17 mn
- Aventure / Action
- Etats-Unis
- Tous publics
- VF - HD
Réalisé par
PARCE QUE
Sens du cadre et du décor, héroïne féminine loin d’être passive, scénario élaboré et goût prononcé pour la fiction : on trouve dans Greater love hath no man tout ce qui fait le cinéma d’Alice Guy. La réalisatrice française, qui s’est installée aux États-Unis en 1907 pour suivre son mari, y a fondé sa propre société de production, Solax Film Co, trois ans plus tard. Déjà première réalisatrice de l’histoire du cinéma, elle en est donc également devenu la première productrice. Greater love hath no man est l’un des premiers films qui sort de cette ambitieuse entreprise.
Et d’ambition, ce court-métrage de 17 minutes ne manque pas. Plantant son décor au Nouveau-Mexique (en réalité, le tournage a eu lieu dans le New Jersey), Alice Guy raconte l’histoire d’une mine dans laquelle débarque un nouveau contremaître, Harry. Ce dernier tombe amoureux d’une femme, Florence, et, parallèlement, doit affronter des mineurs ulcérés qui menacent de le tuer. Greater love hath no man imbrique ainsi film social, romance, western et même comédie, pour un résultat sous tension étonnamment moderne.
Car la réalisatrice prend un malin plaisir à bousculer les normes. Ici, Florence est loin de se résumer au seul objet du désir d’Harry. Déjà engagée avec un autre, Jake, au début de l’histoire, elle s’en sépare pour vivre pleinement son amour. Lorsque des mineurs rebelles font irruption dans le bureau d’Harry, et que l’un d’eux sort un revolver pour en finir, c’est elle qui brandit alors une arme et sauve son amant. L’actrice Vinnie Burns, repérée par Alice Guy alors qu’elle était adolescente, et qui a joué dans nombre des films de la cinéaste, avait d’ailleurs sous sa houlette appris à réaliser elle-même ses cascades. Mais le personnage de Jake est, lui aussi, un pied de nez aux archétypes masculins. Éconduit, de toute évidence jaloux, il choisit pourtant d’avertir Harry du complot qui se trame contre lui, pour le bien de Florence.
Greater love hath no man impressionne enfin par sa maîtrise du cadre comme des codes cinématographiques. Dans les premières scènes, la gestion de la foule, donc des figurants, est remarquable. Chacun a quelque chose à faire et la chorégraphie est parfaite. Alice Guy crée de la profondeur de champ en jouant avec les arrières-plans. Ce sont les mineurs mexicains que l’on voit d’abord derrière une fenêtre, au loin, avant qu’ils ouvrent une porte et investissent l’espace. C’est aussi Jake sur son cheval qui les écoute comploter, se rapproche et enfin galope vers la caméra jusqu’à passer hors-champs. Autant de détails qui font de ce court-métrage un exemple parfait de ce qu’Alice Guy a apporté au septième art.