LA NUIT DES FEMMES en VOD
- De
- 1961
- 93 mn
- Drame
- Japon
- Tous publics
- VO - HD
PARCE QUE
Après la superproduction La Princesse errante, La Nuit des femmes est l’occasion pour Kinuyo Tanaka de revenir vers un cinéma plus social centré sur la difficile condition des femmes dans la société japonaise d’après-guerre. En cela, La Nuit des femmes peut être vu comme le film miroir de Maternité éternelle, l’autre chef-d'œuvre de Tanaka. La déchéance physique de la poétesse Fumiko Nakajō laisse place ici au parcours d’une prostituée, Kuniko, qui, à travers sa réintégration dans la société, cherche à retrouver sa dignité. L’occasion pour Tanaka de livrer un mélodrame social particulièrement poignant et engagé, sans jamais sombrer dans le misérabilisme.
Dans le rôle principal, Chisako Hara offre une prestation particulièrement marquante. Née le 6 janvier 1936, elle va connaître une carrière prestigieuse, enchaînant les collaborations pour des cinéastes de renoms issus de la nouvelle vague japonaise. Masahiro Shinoda, pour lequel elle tournera dans le grand classique du film de Yakuza, Fleur Pâle en 1964. Ou encore Nagisa Ōshima avec La cérémonie en 1971. Durant cette même décennie, sa carrière télévisuelle en fait une célébrité locale. En 2002, elle tourne pour Hideo Nakata dans le classique de la J-Horror, Dark Water, avant de terminer sa carrière avec Shin Godzilla de Hideaki Anno et Shinji Higuchi.
La Nuit des femmes est le second long-métrage de Kinuyo Tanaka à recourir au cinémascope. L’occasion pour la réalisatrice d’utiliser brillamment ce format afin de créer un sentiment d’oppression pour son héroïne, mais également de liberté et de réconfort lors de la seconde partie du métrage. Une réussite visuelle, auquel a contribué le directeur de la photographie Asakazu Nakai, fidèle collaborateur de Akira Kurosawa. Nakai a accompagné celui qu’on surnomme l’empereur, sur une grande partie de sa filmographie, de Je ne regrette rien de ma jeunesse à Ran, en passant par Les sept samouraïs. L’occasion d’admirer à nouveau son fabuleux travail.
À travers les thèmes à l’œuvre dans La Nuit des femmes : la condition féminine, le déterminisme social, mais également la bienveillance. L’approche de Kinuyo Tanaka se rapproche d’autres cinéastes de la même époque, qui utilisèrent le cinéma pour livrer des œuvres engagées, ayant trait aux bouleversements sociaux, sans jamais négliger le langage du 7ème art. Le sentiment que procure le visionnage de La Nuit des femmes, n’est pas si éloigné de celui que l’on éprouve devant une œuvre de Sidney Lumet, ou devant un film de Ida Lupino. À l’instar de Tanaka, cette dernière fut une actrice avant de devenir une réalisatrice talentueuse et engagée.