LE CHEMIN en VOD
- De
- 1964
- 91 mn
- Drame
- Espagne
- Tous publics
- VO - HD
PARCE QUE
Derrière la caméra du Chemin se trouve Ana Mariscal. Née 1923 à Madrid, elle entame une carrière de comédienne qui l’amèneront à recevoir en 1944 le Prix CEC de la Meilleure Actrice pour sa prestation dans Una sombra en la ventana. En 1953, elle s’associe avec son mari, le directeur de la photographie Valentín Javier, pour fonder leur boite de production Bosco Films. Ce qui lui permettra de passer à la réalisation, en contournant les règles du régime franquiste à l’encontre des femmes, devenant ainsi l’une des rares réalisatrices à l’oeuvre en Espagne. Entre 1953 et 1968 elle livra plus de 11 films, dont Le Chemin, en 1964.
À l’origine du Chemin se trouve un roman de Miguel Delibes. Ce dernier, lauréat du Prix national des lettres espagnoles en 1984, est un véritable touche-à-tout littéraire, capable d’oeuvrer aussi bien dans une littérature dite ruraliste, que d’avant garde, tout en subissant les foudres de la censure franquiste. Le Chemin, son troisième roman sorti en 1950, est un roman d’apprentissage à plusieurs niveaux de lecture. Il s’agit à la fois d’une oeuvre nostalgique sur le monde de l’enfance et de la nature, ainsi que d’une critique de certaines facettes du monde des adultes. Des thèmes que l’on retrouve dans l’adaptation cinématographique d’Ana Mariscal.
Situé dans un village espagnol, Le Chemin propose une vision sarcastique du poids exercé par la religion catholique sur le monde rural, et plus généralement sur la société espagnole. Les projections cinématographiques organisées par les autorités religieuses, deviennent des lieux où les jeunes couples se forment et s’enlacent, au détriment de la morale chrétienne. Au point que le sort réservé à ces projections, et par extension au pouvoir libérateur du cinéma, est montré sous un jour dramatique, maquillé par l’humour. En cela Ana Mariscal perpétue à sa manière l’approche subversive et blasphématoire que l’on pouvait trouver chez Luis Buñuel.
À l’instar du roman dont il est l’adaptation, Le Chemin est avant tout un récit centré sur l’enfance. Il s’agit d’une chronique sur la fin de l’innocence. L’amitié, les premiers émois amoureux, l’autoritarisme du monde des adultes, l’acception de la mort, sont perçus à travers les yeux de Daniel dit Le Hibou, auquel la prestation de José Antonio Mejías confère une grande sensibilité. Il en résulte un long métrage émouvant, témoignant du talent de sa réalisatrice, ainsi qu’une oeuvre dans la lignée d’autres films ayant portés un regard particulièrement lucide sur les derniers moments de l’enfance, tels que Les sentiers de la violence ou Stand by Me.