STRANGE CIRCUS en VOD
- De
- 2006
- 108 mn
- Fantastique / Horreur
- Japon
- - 16 ans
- VO - HD
PARCE QUE
Sono Sion est un artiste éclectique : poète à l’adolescence, il explique s’être rapidement senti limité par cet art puisqu’il souhaitait donner vie à ses mots, ce qui le pousse notamment à réaliser des films en 8 mm, dont le court-métrage manifeste Je suis Sono Sion! en 1985. Hurlant de la poésie, presque nu et le crâne rasé durant 30 minutes, ce film donne le ton de ses futurs films, enragés et subversifs. Il obtient une reconnaissance internationale grâce à Suicide Club, qui marque les esprits des festivaliers de nombreux pays en 2001, notamment par sa scène d’ouverture qui met en scène le suicide collectif de 54 lycéennes.
Strange Circus est sans doute l’un des films les plus baroques de Sono Sion, et fait de nombreuses références à la culture occidentale (notamment dans le rapport au cirque et à la psychanalyse), mais il s’inscrit aussi dans une culture artistique toute japonaise. À bien des égards, Strange Circus relève en effet de l’ero guro nansensu, un mouvement artistique et littéraire apparu dans les années 1930 au Japon. Il s’agissait alors d’incorporer à l’érotisme des éléments grotesques et sinistres, d’où le terme « ero-guro », que l’on peut traduire par « érotique-grotesque ».
Le film est servi notamment par le jeu très subtil de Masumi Miyazaki, actrice révélée par la série de films adaptés du manga Be-Bop High School entre 1986 et 1988. Elle revient au cinéma pour Strange Circus après 10 ans d’absence. La complexité de son rôle se renforce au fur et à mesure que le spectateur comprend la nature de son personnage, à l’identité fracassée et fragmentée.
Les films de Sono Sion, quelque soit le genre dont ils relèvent, prennent pour cible la société japonaise et en particulier la famille, source de tous les maux. Nombre de ses films mettent en scène des femmes et leur oppression par une société où elles peinent à exister en dehors de leur condition d’épouse ou de mère. Cette conscience sociale (Sono Sion produit aussi des oeuvres profondément anti-capitalistes) n’a pas empêché le réalisateur d’être au coeur d’un #metoo japonais, en étant accusé, depuis mars 2022, d’agressions sexuelles sur de nombreuses actrices.