SOIGNE TA DROITE

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Il est question d’un cinéaste résidant quelque part, non loin de l’Allemagne et de la France, qui doit remettre un film pour le jour même. Du coup on le suit dans ses tribulations, ses pensées, ses intuitions et ses facéties. 

Jean-Luc Godard, JLG pour les intimes, tourne en 1987 « Soigne-ta droite » qui porte aussi le titre de « Une place sur la terre » , un inter ou un exter titre, suivant le point de vue. Le film est une comédie avec Jean-Luc himself et surtout un impressionnant casting : Birkin, Périer, Villeret, Lavanant, Galabru, Pauline Lafont. 

Et, cerise sur le gâteau, le contrechant du film se fait sur les Rita Mitsouko, en pleine composition de « C’est comme ça », et « Les histoires d’A » , entre autres. Une variation autour de bien des thèmes, avec le farceur suisse souriant - une fois n’est pas coutume - portant un petit chapeau et se croyant dans un burlesque. Même quand il ne sait pas quoi raconter, le cinéaste convoque sa propre illusion comique pour un film qui parle de tout, de rien et surtout de lui. On le sait, il n’a pas peur de la pellicule blanche.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver GRANDEUR ET DÉCADENCE D'UN PETIT COMMERCE DE CINÉMA (Jean-Luc Godard tourne une série noire pour la télévision, avec Jean-Pierre Mocky dans le rôle principal. Ce projet improbable permet au cinéaste de poursuivre sa réflexion sur le cinéma.) ou encore SOIGNE TON GAUCHE (Parce que ce court métrage comique sur la boxe de 1936 a inspiré le titre du film de Godard, cinquante ans plus tard. "Soigne ton gauche" met en scène Jacques Tati devant la caméra de René Clément, futur réalisateur de "Jeux interdits.").

C’est un film d’intermittent : le tournage a débuté en début d’année 1986 et a duré un an et demi. Le travail sur le futur album des Rita Mitsouko « The no comprendo », qui sortira en septembre de la même année, a été filmé dans un deux pièces qui servait de studio à Fred et Catherine, du côté de la porte de la Villette. Cette partie du tournage a duré deux mois. Pour le son, l’équipe de Godard pouvait utiliser le matériel haut de gamme des musiciens, et, en contre partie, le cinéaste cédait tous les rushes non montés. Un bon deal, d’après Fred Chichin. 

Compilant citations et gags, en voix in ou off, jouant avec le son dans un puzzle narratif dont lui seul a le secret, Godard godardise, se moquant de lui, du public, du cinéma et philosophant à vannes ouvertes en empruntant à bien des auteurs. On a entendu, tour à tour, des extraits de la « Condition humaine » de Malraux, d’ « Andromaque » de Racine, des « Chants de Maldoror » de Lautréamont. Mais c’est chez Dostoîevski que le cinéaste trouvé son prétexte, puisque le film est supposé être une adaptation de « L’idiot ». D’ailleurs, la dualité prince et idiot vient du roman, publié en 1887 où le héros, à la fois candide et clairvoyant, errait, déjà, dans un monde corrompu. « Soigne ta droite » recevra le prix Louis- Delluc en cette année 1987. 

Après l’embellie du début des années 80 ou « Sauve qui peut (la vie) », « Passion", « Prénom Carmen », « Je vous salue Marie » et « Détective » avaient , grâce à des castings de luxe, régulièrement dépassé les 300 mille entrées Paris, « Soigne ta droite » amorcera un replis pour JLG vers des films plus confidentiels, expérimental et méditatifs. Qui du prince ou de l’idiot aura marqué cette carrière ?

Eh bien ce chef d'oeuvre, je ne l'avais pas vu venir. Considéré par beaucoup comme un Godard mineur, une petite pièce de plus dans l'immense filmographie de son auteur, on peut dire que je ne m'attendais pas à lui attribuer la note maximale. En fait, en voyant ce film, j'ai ...

C'est le deuxième film de ce réalisateur que je regarde. J'ai été intrigué car Jacques Villeret avec Godard ça m'a paru spécial. Avant celui-ci, j'ai regardé Pierrot le Fou et ça avait été une sacrée claque. Celui-ci me surprend donc beaucoup moins, ...