L'HONNEUR DES PRIZZI en VOD
- De
- 1985
- 129 mn
- Policier / Suspense
- Etats-Unis
- Tous publics
- VO - HD
PARCE QUE
Le film de mafia est un genre à part entière. Un peu plus de dix ans après le plus connu d’entre eux, à savoir Le Parrain de Francis Ford Coppola, deux options s’offrent à ceux qui veulent tenter leur chance dans ce créneau : suivre les pas du maître, qui a réalisé un des meilleurs films de tous les temps, ou se démarquer par la comédie. C’est cette option qu’a choisi John Huston, déjà célèbre pour son travail de réalisateur qui a payé côté spectateurs, côté critique et côté récompenses avec L’Honneur des Prizzi, où les mafiosi italiens sont drôles, caustiques et cruels tout à la fois. Il faut voir Jack Nicholson dans ses costumes fantaisistes osciller entre ingénuité et génie, s’en sortir in extremis des pièges qu’on lui tend tout en exécutant un maximum de contrats sans sourciller, pendant qu’il cherche l’amour comme un adolescent depuis sa quarantaine. Rarement un mafieux aura paru aussi sympathique, malgré le nombre de morts sur son passage.
Un homme et une femme qui tombent amoureux l’un de l’autre, mais qui se révèlent être tous les deux des tueurs à gages, les meilleurs dans leur catégorie respective, un métier qui va mettre leur relation à mal tant chacun se retrouvera en danger à proximité de l’autre, cela ne vous dit rien ? Si L’Honneur des Prizzi est une adaptation à l’écran du livre du même nom écrit par Richard Condon, rien n’empêche de penser que John Huston a officieusement inspiré la fameuse série puis le long-métrage Mr and Mrs Smith, tant les postulats et le registre des deux films se confondent… Chassez les similitudes !
Coups bas avec le sourire, bons mots échangés comme les balles sur un court de tennis, sous ses airs de magouilles grandiloquentes, L’Honneur des Prizzi dit aussi quelque chose de la famille dysfonctionnelle, ainsi que de l’hypocrisie concernant les codes d’honneur inhérents aux mafias, structurées sur le modèle des familles patriarcales. À la tête, un chef masculin, des héritiers du même genre, avec les femmes systématiquement reléguées en seconde zone, tout juste garantes de la bonne humeur des hommes de leur entourage. Malgré ces situations frustrantes, deux personnages féminins émergent comme en miroir, avec pour l’en-dehors Irene Walker (Kathleen Turner), américaine polonaise d’origine dont la nationalité est un prétexte tout trouvé pour la conserver hors du cadre des affaires sérieuses, et Maerose Prizzi, pour l’en-dedans, italienne, fille du chef de clan, mais femme avant d’être mafieuse, qui fera tout pour obtenir gain de cause au sein d’une famille où tout est permis.
Film de famille conçu en famille, L’Honneur des Prizzi permet à John Huston de faire jouer sa fille dans un des rôles principaux, Anjelica Huston, certes plus connue à l’heure actuelle pour avoir joué l’emblématique Morticia dans La Famille Adams, même si c’est d’avoir été dirigée par son père qui lui a fait gagner un Oscar (le seul de sa carrière) pour la meilleure actrice dans un second rôle. L’Honneur des Prizzi n’est pas en reste côté récompenses, puisque le film compte à son actif pas moins de quatre Golden Globes en plus. Cependant, c’est l’Oscar obtenu qui permet à John Huston de posséder une particularité unique dans l’histoire du cinéma mondial : il est le seul et unique réalisateur à avoir dirigé deux membres de sa famille qui ont obtenu chacun un Oscar ; en plus de sa fille, son père pour Le Trésor de la Sierra Madre, soit une reconnaissance indéniable de son travail et de la qualité de ses films.