LA COULEUR DE L'ARGENT en VOD
- De
- 1987
- 115 mn
- Drame
- Etats-Unis
- Tous publics
- VM - HD
PARCE QUE
La Couleur de l'argent est décidément un film à part dans la filmographie de Martin Scorsese. Pas uniquement Parce que ce réalisateur s'y est pris pour la première – et seule ? – fois à une suite (qui plus est vingt-cinq ans après la sortie du film originel – L'Arnaqueur, en 1961), mais aussi parce que La Couleur de l'argent est la première collaboration de Scorsese avec des pures stars. Et pas n'importe lesquelles quand avoir Paul Newman et Tom Cruise devant sa caméra, c'est aussi avoir en face de soi les représentants de deux règnes hollywoodiens. Au-delà de son scénario, La Couleur de l'argent exprime également la transition entre ces deux âges d'or et leurs icônes masculines.
La Couleur de l'argent est tout autant un film miraculé. En 1983, Martin Scorsese voit un projet de longue date, La Dernière Tentation du Christ, connaître un nouveau retard à l'allumage, faute de trouver les fonds pour le financer. Au même moment, le scénario de La Couleur de l'argent circule parmi les studios. Après le refus de la 20th Century Fox et de la Columbia, il atterrit chez Touchstone Pictures, la nouvelle filiale de Disney dédiée à des projets atypiques. Pour se remettre en selle, Scorsese cherchait un projet loin de son cinéma urbain, très new-yorkais, voulant s'essayer à celui plus hollywoodien. Alors qu'il s'apprêtait à signer pour diriger Dick Tracy, le cinéaste fut contacté par Paul Newman, qui, lassé de voir Touchstone ne pas trouver quelqu'un pour diriger La Couleur de l'argent, s'adressa directement au cinéaste. Dans un premier temps, Scorsese déclinera le scénario proposé, avant de suggérer que l'écrivain Richard Price en écrive une nouvelle mouture, plus dans un « esprit de la rue », le plaçant sur son terrain naturel.
Aussi singulier qu'il soit dans la carrière de Scorsese, La Couleur de l'argent n'entretient pas moins des liens avec ses thématiques prégnantes, notamment celle de la rédemption. Un angle qui permettait de ramifier le scénario de L'Arnaqueur en devenant le récit d'une démystification, autour d'un homme devenu une légende du billard alors que sa seule motivation était l'argent. Scorsese et Newman se rejoignent dans l'envie de faire le portrait d'un anti-héros, figure récurrente autant dans les films précédents du réalisateur que dans les personnages joués par Newman qui, de son côté, en fan absolu de Raging Bull, comptait aussi sur Scorsese pour donner la même dynamique formelle au film. Un principe qui se propagera jusqu'au tournage, bouclé en à peine un mois et demi.
À sa sortie, La Couleur de l'argent ne reçut qu'un accueil poli de la critique comme du public. Une semi-déception due à une incompréhension, les premiers espérant un post-scriptum à L'Arnaqueur, les seconds désorientés par la structure et les monologues. Revoir La Couleur de l'argent, c'est s'apercevoir que ce film se joue bien plus autour des tapis de billard que dessus, faisant le parallèle entre ses règles, stratégies, coups tordus et l'éthique de vie selon que l'on soit un vieux briscard revenu de tout ou un jeune novice extrêmement ambitieux. En cela, au-delà de la confrontation fantastique entre le vétéran Newman et l'alors encore wannabe Cruise, La Couleur de l'argent reste un film essentiellement... Scorsesien.