EL PICO 2 en VOD
- De
- 1984
- 117 mn
- Drame
- Espagne
- - 12 ans
- VO - HD
PARCE QUE
Après le succès du premier El Pico dans les salles espagnoles en 1983, Eloy de la Iglesia, réalisateur spécialisé dans le cinéma « quinqui » (genre populaire du cinéma ibérique de l'époque, où l'on suit les parcours houleux de délinquants juvéniles), récidive avec une suite directe, El Pico 2, qui commence là où le premier opus se terminait. On retrouve Paco, le junkie désespéré du premier film qui, aidé par son père commandant de la garde civile, tente de se planquer après avoir participé avec l'aide de son meilleur ami à l'assassinat d'un couple de trafiquants d'héroïne.
Après avoir suivi son personnage à la recherche de came dans les rues de Bilbao, Eloy de la Iglesia le propulse ici au sein d'une prison, où il va tenter de survivre tout en essayant de s'approprier ses doses quotidiennes d'héroïne. Si le premier El Pico restait à la limite du film d'auteur à travers une critique sociale d'une Espagne délétère, cette suite joue la carte de l'exploitation pure et dure, avec plus de... tout ! Plus de violence (bagarre dans la prison, passage à tabac, harcèlement), plus de drogue (gros plans de seringue enfoncée dans la chair, surdose), plus d'agressions sexuelles (viols homophobes) et plus de nudité frontale (surtout masculine).
Malgré tout, Eloy de la Iglesia continue de s'attaquer aux travers douteux de l'Espagne de l'après franquisme et de la transition démocratique... notamment sur les relations cachées et plus que rapprochées existant entre le monde de la drogue et des junkies, et les plus hautes sphères de la politique et de la garde civile. En bref : de la corruption à tous les étages.
Sorte de série B politisée (comme le maîtrisait parfaitement certains cinéastes italiens dans les années 70), El Pico 2, totalement inédit en France (à contrario du premier El Pico sortit presque anonymement en VHS sous le titre Dose mortelle) est arrivé cinquième au box-office espagnol lors de sa sortie en 1984. Considéré comme étant une sorte de “Fassbinder espagnol” avec qui il partage certains thèmes (fascination pour les univers interlopes, homosexualité revendiquée, croisade contre l'ordre établi et les institutions politiques et religieuses), Eloy de la Iglesia, comme le signalait le papier d'introduction du catalogue de la Cinémathèque française lors de l'hommage qui lui était consacré en 2023 était « le chroniqueur insolent de la société de son pays, vue depuis les plaies mal cicatrisées de son histoire récente, ses frustrations et ses marges ».