POLICE SPÉCIALE en VOD
- De
- 2000
- 91 mn
Après avoir échappé à un violent proxénète et avoir déambulé pendant deux ans, la belle Kelly débarque à Grantville et, après un premier client – le chef de la police locale – décide de refaire sa vie, devenant infirmière dans un hôpital pour enfants handicapés. Sympathique et dévouée, la jeune femme donne entière satisfaction. Un soir, elle fait la connaissance d’un...
- Drame
- Etats-Unis
- Tous publics
- VO - HD
PARCE QUE
“Un film est un champ de bataille : amour, haine, violence, action, mort, en un mot émotion”, dit Samuel Fuller, dans son propre rôle, dans Pierrot le fou de Jean-Luc Godard, à propos de ce film qui est sans doute l’un de ses plus insituables, entre mélodrame, thriller, satire sociale, et très loin des décors urbains standardisés du film noir, puisque le sien est une bourgade reculée en apparence idéale, que l’auteur de Shock Corridor va s’employer à pirater de l’intérieur pour en révéler les faux-semblants répressifs. Adoré, donc, de la cinéphilie moderne et de la Nouvelle Vague, le film est notamment marquant pour sa première séquence démente, affrontement violent entre une prostituée et son souteneur, qui s’achève par un geste de démolition puis de reconstruction de la femme fatale. Le tranchant net de Fuller est redoublé d’une certaine étrangeté onirique sur l’image sidérante, inoubliable, de la calvitie de Constance Towers.
Grantville, où s’échappe le personnage, est un rêve éveillé. La photographie de Stanley Cortez (La Nuit du chasseur), pâle, cotonneuse, fige les lieux sous un glacis de carte postale, conférant une teinte d’artifice et d’hypocrisie qui fait écho aux mensonges de Kelly, qui tente de se réinventer, refuse de se prostituer dans le bordel local, travaille comme infirmière dans un hôpital pour enfants handicapés et se fiance à Grant, riche bienfaiteur apparemment sans fêlures. Évidemment la violence reprend ses droits, comme une remontée de lave.
Il y a bien sûr une critique acérée de l'Amérique bien-pensante. La police est sans morale, les jeunes femmes n’ont que la prostitution pour survivre. Il y a la certitude de l'existence du mal, du mal absolu même, qui s’incarne dans les penchants monstrueux du fiancé. Il y a la violence comme langage universel des hommes. Et il y a la possibilité de la rédemption, par un mouvement de fuite qui semble inlassablement entraîner Kelly dans sa course en avant. C’est, effectivement, un champ de bataille.