OBJECTIF TERRE en VOD
- De
- 1954
- 72 mn
- Science-fiction
- Etats-Unis
- Tous publics
- VO
PARCE QUE
Parce qu’Objectif Terre marque un jalon dans le cinéma de science-fiction américain : c'est l'une des premières productions indépendantes des années 50 à prendre pour angle une invasion de la terre par des extraterrestres. Jusque-là, c'était la chasse gardée du cinéma de studio. Le réalisateur Sherman Rose n'ayant pas à disposition les moyens de rivaliser avec des films spectaculaires (comme La Guerre des mondes, production Paramount, énorme succès populaire, sorti aux USA quelques mois auparavant), Objectif Terre aura su jouer d'inventivité, que ce soit en étant mis en boîte en une semaine ou en ayant recours à un scénario misant plus sur la paranoïa des personnages que sur les effets spéciaux. Le tout devenant un modèle économique comme créatif pour de nombreuses séries B similaires qui suivront.
Parce que fort de ces contraintes économiques, Objectif Terre les a transformées en atouts : la mise en scène a dû s'adapter à des trouvailles (un seul costume de robot utilisé sur tout le film, ne permettant pas de tourner les scènes où l'armée d'androïdes extraterrestre attaque, comblées par un suspense autour des apparitions de ces envahisseurs, tournage à l'arrachée, sans autorisation, au petit matin dans les rues désertes de Los Angeles...), procurant une atmosphère singulière annonçant l'efficacité minimaliste du cinéma d'un John Carpenter, ou le sens de l'étude psychologique d'un George A. Romero.
Parce qu’au-delà de son intrigue d'invasion d'aliens, Objectif Terre s'aventure sur des terrains audacieux pour les années 50. Le scénario, signé Wyott Ordung, un complice habituel de Roger Corman et ses productions, aborde ainsi des sujets tels que la dépression ou le suicide, ou la pression sociale des grandes métropoles américaines. En y ajoutant un personnage de psychopathe prêt à s'attaquer aux derniers habitants humains, ce ton détonne dans un cinéma de science-fiction américain qui, en ces années de guerre froide, se nourrissait avant tout de métaphores autour d'une menace étrangère plutôt qu'intérieure.
Parce qu’en misant sur la carte de l'anti-spectaculaire (tout en restant visuellement très soigné) Objectif Terre laissait apparaître une autre nouveauté dans son contexte de série B : plus focalisé sur la complexité des personnages que sur les scènes d'action, ce récit de survie inaugurait une science-fiction à échelle intime, n'ayant pas peur de se rapprocher du mélodrame (via la relation se nouant entre les deux personnages principaux), voire d'amorcer une veine de films postapocalyptiques, en étant une claire influence de ces grands fleurons (La Monde, la Chair et le Diable, Je suis une légende, ...).