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Nuits blanches

NUITS BLANCHES
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1957
97 mn
Parce que l’alchimie entre Maria Schell et Marcello Mastroianni donne envie de tomber amoureux et de se perdre dans les rues de Livourne.
Mario est un promeneur solitaire, déambulant la nuit dans les rues désertes. Lors d'une de ses errances, il rencontre une jeune fille pleurant sur un pont. L'innocente Natalia, recluse chez sa grand-mère, se languit du retour de l'ancien locataire lui ayant promis une éternelle fidélité. Mais Mario tombe éperdument amoureux et tente de s'imposer dans le coeur de Natalia.
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  • Drame
  • France | Italie
  • Tous publics
  • VF - HD

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PARCE QUE

En réalisant Nuits Blanches, Luchino Visconti termine le virage qu’il avait entamé en 1954 avec Senso, son premier film en couleurs. Son mélodrame en costumes indiquait un changement drastique dans sa carrière : il abandonnait le néoréalisme qui avait fait son succès. L’échec financier étant total, le cinéaste est repassé au noir et blanc et à un budget nettement moins conséquent pour Nuits Blanches, son film porté par Marcello Mastroianni et Maria Schell. Mais celui-ci n’est pas un retour en arrière : il constitue une rupture totale avec les codes de son cinéma. Visconti confirme avec cette adaptation du roman de Dostoïevski que le néoréalisme est derrière lui. Vainqueur du Lion d’Argent à la Mostra de Venise, Visconti renoue avec le succès critique et permet à Mastroianni de lancer sa carrière pour devenir l’icône qu’on connaît. Dès l’ouverture du long-métrage, alors que Mario vient de terminer de dîner avec la famille de son patron, le travail du docteur de la photographie Giuseppe Rotunno frappe. Les sources de lumières sont partout, alors même que les rues de Livourne s’éteignent peu à peu : les volets se ferment et les fêtards rentrent chez eux pour laisser leur place aux habitants de la nuit, à commencer par un chien errant auquel Mario s’attache.

Le personnage campé par Marcello Mastroianni est lui-même un chien errant : sa journée commence à l’heure où se termine celle des autres, alors qu’il apprend à connaître les rues de la ville dans laquelle il est installé depuis une quinzaine de jours. Rêveur solitaire, il rencontre la belle Natalia sur un pont, presque sortie d’un conte de fées. Mais les deux personnages sont comme séparés par un miroir. Malgré leurs caractéristiques et leurs envies similaires, leur amour est impossible : Natalia attend le retour de son prince charmant qui lui a promis, un an plus tôt, de la retrouver ici. Comme Tout une nuit d’Akerman, Ma nuit chez Maud de Rohmer ou Before Sunrise de Linklater (et évidemment Quatre nuits d’un rêveur de Bresson, adapté de la nouvelle de Dostoïevski également), Nuits blanches est une ode aux rêves permis par l’obscurité, aux fantasmes évaporés au lever du soleil.

L’imaginaire et le réel s’affrontent dans la nuit noire, simplement éclairés par les néons des bars, garages et pharmacies qui offrent un semblant d’animation aux rues de Livourne. Mais l’amant de Natalia, incarné par le beau gosse Jean Marais, est-il seulement réel ? Et Mario a-t-il raison de s’accrocher à cette femme et de se persuader qu’elle pourrait, un jour, lui accorder un quelconque intérêt ? Les protagonistes incarnent deux visions de la vie, une opposition de regards philosophiques. Ils sont deux faces d’une même pièce, voués à ne jamais communier malgré leurs points communs. La réalisation de Visconti va dans ce sens, puisqu’il s’affranchit à plusieurs reprises de coupures lors des flashbacks racontés par Natalia. Une séquence en particulier, tournée en panoramique, épouse cette idée. Merveille de mise en scène aux échos oniriques, elle semble corroborer les propos de Mario, persuadée que son interlocutrice est coincée dans un rêve depuis trop longtemps. Mais le réalisateur ne cesse de nous faire douter, rappelant Natalia à la réalité — toujours sans coupure — sur l’épaule de celui qui l’aime et qui, comme elle, voit son espoir entretenu par ses nuits blanches. Le cinéaste italien joue de son art pour mieux questionner la réalité et opposer, jusqu’aux cinq dernières minutes du film, le fantasme et l’âpre vérité.

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