LOULOU

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En 1980, Maurice Pialat réalise son sixième film et son premier avec celui qui sera un de ses acteurs fétiches : Gérard Depardieu. Et ils étaient fait pour s’entendre tant ces deux artistes sont à la recherche d’un grand naturel que ce soit dans sa façon de filmer pour le réalisateur qui laisse une grande part à l’improvisation et dans sa façon de jouer pour l’acteur adepte des envolées.

Gérard est ici Loulou, un petit gars qui traine dans les cafés, sans job et sans envie. Nelly, la femme d’André, une bourgeoise qui s’ennuie va s’amouracher de ce jeune loubard. Et leur amourette ne va faire que grandir au point de s’installer à deux dans un petit meublé. Mais quand la passion laisse place au quotidien, certaines barrières refont surface.

Ce scénario d’Arlette Langmann, la sœur de Claude Berri, est très inspirée de sa vie et sa relation d’avec Maurice Pialat. Il n’est d’ailleurs pas rare que le réalisateur mette en scène des histoires proches de sa propre vie. C’était déjà le cas dans Nous ne vieillirons pas ensemble. Un écho personnel qui apporte au film une réelle intimité mais aussi une certaine pudeur, notamment dans les scènes d’amour.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver TOUT CE QUE LE CIEL PERMET (Dans la très conventionnelle Amérique des années 50, une bourgeoise tombe amoureuse d'un homme qui n'est pas de son monde: son jardinier.) ou encore LES VALSEUSES (Le rôle de loubard de Depardieu annonce celui de Loulou et il y a, déjà, Isabelle Huppert.).

Quand Arlette Langmann écrit Loulou, elle ne va finalement pas chercher très loin son inspiration. Elle raconte même sa propre vie. A l’époque de La maison des bois de Maurice Pialat, elle est sa compagne. Mais lors du tournage, elle est très attirée par Dédé, un jeune stagiaire décorateur, voyou venant de sortir de prison. Elle va vivre un an de passion avec lui, le fera souffrir et finalement le quittera pour revenir vers Pialat. Loulou, c’est un peu sa lettre d’excuse à Dédé. Elle y fait part de la jalousie et de la colère, mythique, de Pialat mais aussi l’amitié qu’il portait à Dédé et, surtout le fossé social.

Car, en fond de cette histoire d’amour, de passion, de désir, on retrouve l’écart social. Le véritable drame ici n’est pas tant la rupture de ce couple soudain animé par une forte attraction mais bien la raison de celle-ci : l’incapacité à passer outre la barrière sociale. Nelly est une bourgeoise, Loulou, un prolo. Et si, au début, Nelly est comme fascinée par la crudité de leurs rapports, elle va rapidement déchanter notamment quand elle rencontre la famille de Loulou et qu’elle fait face à une réelle misère dont elle n’avait jusque-là qu’une image un peu pittoresque.

Mais ce qui amène une véritable force à cette tragédie des classes, c’est la façon dont elle est mise en scène. Nul besoin ici de dialogues à n’en plus finir pour expliquer le désespoir de cette relation vouée à l’échec. Car il y a déjà le choix des acteurs : Isabelle Huppert vit à l’époque avec Daniel Toscan du Plantier, et Gérard Depardieu est un ancien zonard de la banlieue de Châteauroux. Ils portent en eux leurs origines sociales, il n’y a donc aucun besoin d’en rajouter à l’écran. Puis, il y a le cinéma de Pialat, à la fois pudique sur les scènes d’amour mais franc dans sa représentation de la vie laissant une place saisissante au naturel, à l’improvisation, comme capable de capter des morceaux de vérité. On en sentirait presque la douleur de Pialat de se confronter à son propre vécu. 

Si Pialat n'était pas encore dans "Loulou" le cinéaste génial qu'il est devenu depuis, voici une chronique banale d'un adultère qui se mue peu à peu en film aussi engagé qu'enragé : loin de toute didactique de type "lutte des classes", loin de tout discours ou caricature, ...

Du peu que j'en ai vu, je n'arrive pas à me passionner pour le cinéma de Maurice Pialat. Je n'ai absolument rien contre le bonhomme mais rien n'y fait, à chaque fois que je me pose devant un de ses films, je me fais automatiquement chier, pour des raisons que j'arrive pas à ...

Pour qui connait Pialat, ce film a tout de retrouvailles immaculées. Bienvenue dans la vie. Rires et gifles, bouffe et hurlements, baise et pleurs. La caméra saisit l’authenticité des individus, perclus de contradictions et en quête d’un idéal qui se dérobe parce qu’ils ...