LES CHEMINS DE KATMANDOU en VOD
- De
- 1969
- 96 mn
- Drame
- France | Italie
- Tous publics
- VF - HD
PARCE QUE
69, année érotique ? C’est ce que chantaient Serge Gainsbourg et Jane Birkin alors qu’ils venaient de se rencontrer. Cette année-là, tous les deux partagent l’affiche des Chemins de Katmandou, singulier film d’André Cayatte dont la genèse fut longue et tortueuse. D’abord intéressé par le sujet de l’adoption, le cinéaste, qui avait l’habitude de tirer les fils de faits divers réels, s’en détourna pour se pencher sur les enfants abandonnés, puis imaginer l’histoire d’un jeune homme parti à la recherche de son père.
La révolte de mai 1968 et les services de René Barjavel en tant que scénariste (il en tirera par la suite le roman du même nom) modifièrent encore l’histoire : le héros de Cayatte, Olivier (Renaud Verley, alors figure montante du cinéma français aperçu également chez Visconti), serait donc un déçu de la contestation, un « cocu », comme il le dit lui-même dans le film, qui part en Inde pour réclamer au géniteur ayant abandonné femme et enfant l’intégralité de la pension alimentaire jamais versée. Sur la route, il rencontre Jane (Jane Birkin), hippie toxicomane, dont il tombe amoureux. Serge Gainsbourg complète le casting dans le costume d’un mafieu sans scrupules.
Les chemins de Katmandou est avant tout le témoignage d’une époque marquée par des vents contraires. D’un côté, le mouvement hippie est à son apogée, porté par une idéologie pacifiste et marqué. De l’autre, le capitalisme gronde et s’apprête, alors que le Népal vient de s’ouvrir aux étrangers, à phagocyter sa culture, avec la multiplication de trafics d’objets sacrés volés dans les temples. Le film d’André Cayatte raconte cette friction-là, entre l’idéal mystique que les hippies sont venus chercher et le rouleau-compresseur de la mondialisation, anticipant déjà la victoire du second.
En résulte un long-métrage hybride qui rend compte à la fois de la passion du cinéaste pour les faits de société (en l’occurrence les ravages de la drogue) et de son admiration pour les paysages indiens et népalais. André Cayatte avait découvert les deux lors de la préparation du tournage, allant jusqu’à tester le haschish par « conscience professionnelle ». Et c’est d’ailleurs pour ses décors naturels que Les chemins de Katmandou impressionne encore aujourd’hui.