WOMEN DO CRY en VOD
- De
- 2022
- 107 mn
- Drame
- Bulgarie | France
- Tous publics
- VO - HD
PARCE QUE
Le cinéma bulgare est rare ; bien plus rare, par exemple, que son homologue roumain, voisin immédiat fort de nombreuses grandes signatures identifiées et d’une Palme d’or (4 mois, 3 semaines et 2 jours de Cristian Mungiu) qui se rappellera peut-être, ici, à quelques mémoires. Rare, et donc difficile : il faut le mesurer pour comprendre par quelle force de volonté les réalisatrices Vesela Kazakova et Mina Mileva ont arraché de très haute lutte ce second film (après un premier, Cats in the Wall) à une cinématographie inexistante, aidées notamment par une coproduction française.
Il faut d’autant plus le mesurer que le film est une déclaration de guerre : guerre contre le patriarcat et toutes ses injonctions, saisie sur la ligne de front que matérialise une famille de femmes. Mères, filles, sœurs, tantes, toutes à leur manière venues incarner un aspect ou plusieurs de cette horrible condition féminine à laquelle elles tentent d’arracher leur liberté. Yoana voudrait devenir un homme, Lora est harcelée par ses collègues de chantier, Sonja se découvre une séropositivité qui l’expose moins à la mort qu’à l’opprobre et aux violences. Au même moment, le pays est en proie à de grands débats sur le genre ; et, chose étrange, se déploie en arrière-fond comme un perpétuel chantier, dont on ne sait plus vraiment s’il renvoie à la construction, à la destruction, ou simplement au chaos.
Sexualité lesbienne, détresse suicidaire des mères, et plus encore complètent ce tableau dont le féminisme évident se conjugue à un esprit furieusement incendiaire et punk. La volonté de frontalité, le refus absolu d’édulcorer la violence (y compris à l’intérieur de la complicité féminine : la première scène est une géniale dispute de sœurs), et la colère étrangement mêlée d’euphorie sont les maîtres mots de ce film ample et précis, aussi engagé qu’enragé, et qui semble vouloir attraper tous les tourments de toutes les femmes pour, à défaut de pouvoir les réparer, faire au moins honte à ceux qui les causent.