VIVRE ENSEMBLE

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Un gentil garçon, enseignant de profession quitte une femme pour s’en aller vivre sa vie avec une autre. Mais avec sa liberté nouvelle il en profite pour tout quitter et se quitter lui-même. L’amour, la drogue, l’alcool, la sensation de cesser de s’habiter sont au menu de cette oeuvre désenchantée.

Anna Karina signe là, en 1973 son premier film, sur l’ennui métaphysique et la sensation d’abandon. Ce sont des thèmes dans l’air du temps alors que retombe le soufflet des utopies beatniks et soixante-huitardes.

Le film est incarné par Anna Karina elle-même, Michel Lancelot, Jean Aurel, et Bob Asklof plus quelques visages familiers dont nous reparlerons. En attendant apprenons à Vivre ensemble.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver PANIQUE À NEEDLE PARK DE JERRY SCHATZBERG (1971) (Un beau film tragique sur la dépendance dans le New York de l'héroïne au début des années 70. L'histoire d'amour est ponctuée par la quête de la came qui renforce ou détruit le lien du couple. Un film référence avec le jeune Al Pacino, intense, et une oeuvre sans complaisance envers la poudre.) ou encore MORE DE BARBET SHROEDER (1969) (Le grand film sur la dégénérescence du mouvement hippie et la plongée parfois sans retour sur les paradis artificiels dans l'île des beatniks: Ibiza. La musique du film est restée célèbre pour avoir été composée par Pink Floyd qui en a sorti un album différent de leur production habituelle.).

« Tu t’en vas à la dérive sur la rivière du souvenir, et moi, courant sur la rive, je te crie de revenir… » a écrit Gainsbourg dans « La noyée » que chantait Anna Karina, dont il fut raide amoureux. C’est un peu l’argument de ce film où l’homme quitte la femme protectrice pour s’engloutir dans le sillage de la femme perdue. On est pas loin de Godard. On est pas loin des grands rôles incarnés par la belle Anna qui fut bien plus qu’une interprète, une muse , ou une amante pour le caïd de la nouvelle vague. Pierrot le fou, Une femme est une femme, Vivre sa vie, Alphaville, des films décisifs qui doivent aussi beaucoup au charme de ce joli mannequin danois égarée à 17 ans chez les jeunes gens modernes du Paris de la fin des fifties. 

De son vrai nom Hanne Karin Bayer elle fut baptisée « Anna Karina » par Coco Chanel qui en avait vu, des jolies filles. Anna épouse le Jean-Luc en 1961, ils divorcent trois ans plus tard. Ils perdent un enfant. Mais ils ont eu le temps de faire 7 films qui vont décider de leur destin. En 1972, célèbre des deux côtés du monde elle passe à la réalisation avec ce Vivre ensemble qui raconte l’amour comme un suicide. Elle écrit, joue, réalise et compose avec le guitariste Claude Engel. Elle embauche pour les rôles masculins Bob Asklof, chanteur suédois qui aura aussi une petite heure de gloire en tournant quelques films coquins, notamment dans Goodbye Emmanuelle de François Leterrier. Ainsi que Jean Aurel scénariste de Becker, Vadim et Truffaut mais aussi réalisateur pour qui elle a tourné en 1967 dans Lamiel. Enfin, un autre « amateur », si j’ose dire, le journaliste et animateur star Michel Lancelot, qui à l’époque était auréolé de son succès avec l’émission hype sur les grandes tendances du moment intitulée « Campus ». Ironiquement c’est un prof d’histoire qu’il joue dans le film. 

Le film témoigne de la descente du trip hippie et des années de désarroi qui suivent le peace and love, drugs et rock’n roll. Le tout avec la couleur du parisianisme intello de la bande des Cahiers qui n’étaient ni pop, ni beatnik. Anna attendra 35 ans pour tourner son second film Victoria en 2008. Toujours sur les routes.

Très beau. Un document sur les années 70 à Paris et à New York et une fiction amoureuse de toute beauté et d'un réalisme cru. Anna Karina et Michel Lancelot, un couple à l'écran qu'on ne peut oublier après ces une heure trente passées avec eux ...