VILLA CAPRICE

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Villa Caprice démarre sur les chapeaux de roues, quand une brigade financière débarque chez un riche homme d’affaires pour effectuer une perquisition. On se sent embarqué dans l’un de ces polars financiers qui nous tiennent en haleine tout en dénonçant le pouvoir corrupteur de l’argent-roi et le cynisme absolu des puissants. Bernard Stora reconnait d’ailleurs avoir eu l’idée du film après avoir lu des articles consacrés au suicide mystérieux quant à ses motifs d’Olivier Metzner, un avocat alors des plus médiatiques et au faîte de sa gloire.

Mais le film n’est pas un biopic pour autant, même si pour la circonstance le cinéaste s’est fait aider pour l’écriture du scénario par une brillante chroniqueuse judiciaire, Pascale Robert-Diard. Mais la dimension policière du récit laisse peu à peu la place à une trame moins balisée, quand les deux personnages principaux se mettent à jouer au chat et à la souris. Nous entrons alors au cœur de l’humain, quand il se nimbe de complexité, voire d’opacité, et même de perversité.

Dès lors le film prend les dimensions d’une tragédie grecque et devient presque abstrait, ne rechignant pas à une certaine théâtralité. Il évoque au tournant d’une scène certains des plus beaux affrontements de cinéma, ceux de The Servant ou du Limier, où les sourires cachent les intentions les moins avouables et peut-être même les plus sanguinaires…

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE LIMIER (C'est le même duel sanglant entre deux hommes sous des sourires trompeurs) ou encore AU NOM DU PEUPLE ITALIEN (Un homme d'affaires est poursuivi par la justice, les rapports de force fluctuent).

Villa Caprice est de la pâte dont Boisset faisait jadis son pain. Qui respecte à la lettre toutes les règles du polar, mettant souvent les nerfs du spectateur à rude épreuve. Mais jamais de façon gratuite, l’idée étant de mettre en lumière la corruption du monde et les abus de pouvoir, à l’occasion accompagnés d’assassinats, dont font preuve les puissants. Dans le film Patrick Bruel incarne un homme d’affaires d’envergure internationale, qui n’a visiblement pas rechigné à franchir les limites du droit et de la morale, persuadé que tout pouvait s’acheter à condition d’y mettre le prix, depuis la conscience de tel ou tel homme politique jusqu’à la maison de ses rêves, cette villa Caprice au nom prédestiné qui sert à la fois de cadre, d’enjeu et de symbole à ses ambitions. Un peu comme un Citizen Kane d’aujourd’hui prêt à tout pour habiter son Xanadu.

Ne parvenant pas à se disculper d’un revers de main des accusations qui le visent, il se montre prêt à payer, et même à acheter, le distinguo est subtil, un as du barreau. Mais celui-ci en a vu d’autres… C’est à ce moment-là que le film quitte les rives du polar pour devenir ce duel carnassier, toutes griffes dehors, entre deux fauves aux égos démesurés. Et le film se repait d’étaler les forces et les fragilités, les certitudes et les apparences de ces deux hommes de pouvoir qui se livrent à une partie d’échecs où ils jouent leur vie. Une partie à l’issue incertaine, et ce n’est que dans les dernières minutes que l’on proclame « Echec et mat ». Tout le film est dans la dualité, le balancement, le contraste entre la clarté de la lumière méditerranéenne, le chatoiement du luxe et la noirceur des âmes.

Bernard Stora signe avec Villa Caprice son cinquième film pour le cinéma, en l’espace de quarante ans, par ailleurs le premier depuis vingt ans, après l’excellent Un dérangement considérable. Un rythme qui serait sans doute jugé nonchalant si notre homme n’avait pas en parallèle écrit pour d’autres, ou avec d’autres, et notamment ses éternels complices, Claude Miller et Luc Béraud, et signé plusieurs téléfilms, dont le superbe Grand Charles, sur la traversée du désert de De Gaulle, qui attend son heure, exilé dans son domaine de La Boisserie,  et une comédie délicieuse, La Dernière Campagne, qui met en scène la complicité sans doute un rien fantasmée entre Chirac et Hollande lors de l’élection présidentielle de 2012. On peut le voir : les enjeux de pouvoir ne sont donc pas un sujet neuf pour le cinéaste. Qui possède de toute évidence un univers, même s’il ne se pique jamais de rouler les mécaniques sur le plan esthétique, s’effaçant intelligemment derrière des sujets le plus souvent passionnants.

Ce qui apparaît d'abord comme un simple face à face entre deux hommes d'exception va s'avérer en fait une intrigue à la fois plus subtil et plus complexe. C'est un bon point car alors qu'on a l'impression que le face à face va tourner en rond un premier indice relance rouvre ...

En nous faisant entrer dans le monde cruel des affaires, Bernard Stora raconte une histoire intrigante, tout est bien écrit surtout les dialogues et la mise en scène met en valeur acteur et patrimoine. En jouant l’homme d'affaires Patrick Bruel apporte un semblant de nouveauté ...

Deux voitures sombres aux vitres teintées arpentent les routes serpentées du sud de la France pour arriver devant une belle demeure. La Villa Caprice. Police. Perquisition. Ainsi commence le film de Bernard Stora. L'intrigue semble simple. Gilles Fontaine, homme d'affaires est ...