UNE MÈRE

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En perdant son fils sous les coups d'une grande violence, Aline a tout perdu : sa famille, son mari et sa raison de vivre. Cinq ans plus tard, elle croise par hasard le jeune meurtrier de son fils sorti de prison. Une Mère est donc l’histoire d’amour d’une mère pour son fils, mais aussi une histoire de vengeance. De pardon, peut-être. De manque, enfin. Comment exister quand la chair de sa chair n’est plus ? Comment y croire ? Comment ?

Un film d’une violence rare donc, comme l’explique au moment de sa sortie la réalisatrice Sylvie Audcoeur : « Comment fait-on pour pardonner ? Quelle est la pire chose qui puisse nous arriver ? Ce sont des questions qui m’habitent depuis longtemps. Ce thème du pardon rejoint aussi un autre thème très important pour moi : celui du rôle de mère, qui était déjà le sujet de mon court-métrage. C’est quoi être mère ? Comment accompagne-t-on son enfant en tant que mère, et jusqu’où ? »

Point de misérabilisme pourtant, ni de facilité. Karin Viard ne se contente pas d’incarner le deuil, la mort, le malheur, elle l’interroge aussi. Une Mère distille une réflexion sur le doute qui refuse les schémas préétablis. Une Mère, c’est aussi rien de moins qu’une révélation : celle d’un acteur quasiment inconnu, l’excellent Darren Muselet, au jeu impulsif, sanguin, presque dangereux pourrions-nous penser. On le croit fou, on le sait habité, instable. Et outre le saisissant duo Viard/Muselet, la présence de Samir Guesmi, en peu de scènes, apporte une vraie dimension humaine.

On ne va pas se mentir, le sujet, dur, froid, peut rebuter. Ce serait pourtant une erreur que de penser, avant même de le voir, que ce film est manichéen, qu'il n'est qu'ombre et tristesse, froideur. Certes, les rouages de la vengeance y sont parfaitement, sobrement exposés. Mais la lumière perce, ici et là, à travers les fêlures de ces personnages. Une Mère est un grand film.

Sec, franc et inconvenant, ce contact entre deux destinées bougrement compromises n’a pas de quoi laisser imperturbable. Une mère donne matière à réflexion sur l’écart qu’il y a entre comprendre et excuser. Sylvie Audcœur ne verse jamais dans la propagande bien chrétienne ...