UN TAXI POUR TOBROUK

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Un Taxi pour Tobrouk est un film de guerre qui s’attache à filmer les moments de creux et à privilégier l’humain. Le dispositif est simple mais efficace : nous sommes en 1942, en plein désert de Lybie où les forces françaises affrontent les troupes allemandes. Après une opération commando réussie, quatre soldats français vont se perdre dans le désert. Ils parviennent à s’emparer d’un campement allemand pour y trouver refuge et font du capitaine allemand leur prisonnier. En attendant de trouver une échappatoire, les hommes vont apprendre à mieux se connaître.

L’introduction du film est originale puisque nous sont présentés dans un flash-back se déroulant la nuit de Noël chacun des protagonistes de l’histoire. C’est d’abord l’officier allemand qui est mis en avant. Le Capitain Ludwig Van Stael incarné par Hardy Krüger quitte sa famille pour partir à la guerre. A Londres Théo Dumas, joué par Lino Ventura est accueilli par des anglais. A Albi, François Jonsac joué par Maurice Biraud quitte les siens pour rejoindre l’Angleterre. Le juif Samuel Goldman, joué par Charles Aznavour, quitte une France antisémite en bateau. A Bayonne, un condamné à mort prépare son évasion.

Un Taxi pour Tobrouk est un film solide. Au scénario, le réalisateur Denys de la Patellière s’est adjoint les services de Michel Audiard, capable aussi bien d’écrire les dialogues argotiques dont il a secret lorsqu’il s’agit de faire parler les hommes du peuple que de ciseler des répliques sophistiquées pour les personnages d’extraction sociale plus avantagée. Humour et humanité font donc bon ménage dans ce huis-clos en plein air à la conclusion ironico-tragique. Il serait sans doute exagéré de décrire Un Taxi pour Tobrouk comme un pamphlet anti militariste, mais Denys de la Patellière réussit finalement plus que cela, puisqu’il parvient à montrer que dans chaque camp, sur le champ de bataille, ce sont finalement des hommes qui se ressemblent qui s’affrontent.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LA BÊTE DE GUERRE (Un autre film de guerre dans le désert, celui d'Afghanistan que des soldats soviétiques traversent dans leur tank.) ou encore TOBROUK, COMMANDO POUR L'ENFER (Une reconstitution de l'opération qui a permis de détruire la base allemande de Tobrouk, point de départ de notre aventure.).

Denys de la Patellière est fils de militaire. Il va à l’école Saint Cyr, puis s’engage dans l’armée de libération. A la fin de la guerre, il commence par travailler dans un laboratoire où sont tirées les pellicules de film puis comme monteur. Il franchit tous les grades de la profession jusqu’à devenir un assistant-réalisateur aguerri. Il passe à la mise en scène en 1955 avec Les Aristocrates avec Pierre Fresnay et Maurice Ronet. Il œuvre dans des genres très différents, thriller avec Du Rififi à Paname, film d’aventure avec La Fabuleuse aventure de Marco Polo, comédie comme l’inénarrable Tatoué avec Louis de Funès  ou film de guerre avec ce Taxi pour Tobrouk. Sa carrière au cinéma  durera moins de vingt ans et s’arrête en 1973, date à partir de laquelle il ne consacrera plus qu’à la télévision, tournant une minisérie remarquée Le Comte de Monte Christo avec Jacques Weber dans le rôle-titre ainsi que plusieurs épisodes de Maigret avec Bruno Crémer. Denys de la Patellière est mort en 2013.

Dans le rôle de l’officier allemand, on retrouve avec plaisir Hardy Krüger. Avec son physique typiquement aryen, il fut souvent casté en tant que nazi de service. Durant la Seconde Guerre Mondiale, il fut effectivement enrôlé dans l’armée allemande dans une division des Waffen SS. Après la guerre, il devient comédien et tourne plusieurs films dans son pays. Mais c’est grâce à Otto Preminger qu’il va connaître une carrière plus internationale. En 1953, le réalisateur de Laura l’engage pour un tout petit rôle dans La lune était bleue, tourné aux Etats-Unis. Il tournera ensuite pour différents réalisateurs et dans plusieurs pays, de l’anglais Roy Ward Baker dans L’évadé du camp, encore un film dédié à la seconde guerre mondiale, à Howard Hawks puisqu’il est de l’équipée africaine dans Hatari ! Il participe à de nombreux films français, parmi lesquels Les Dimanches de la Ville d’Avray de Serge Bourguignon, dont il tient le rôle principal, et qui recevra l’Oscar du Meilleur film étranger en 1963.

Un Taxi pour Tobrouk est tiré d’un roman succès de René Havard. C’est le seul roman de l’auteur qui participa avec Denys de la Patellière et Michel Audiard à l’adaptation de son œuvre pour le cinéma. René Havard fut un acteur de complément prolifique. Au cinéma, il apparaît dans La vache et le prisonnier d’Henri Verneuil, Babette s’en va-t’en guerre de Christian-Jaque ou Les centurions de Mark Robson. En parallèle, il tourne beaucoup pour la télévision et participe à de nombreuses pièces de théâtre. Il continuera son travail de scénariste sur différentes productions, parmi lesquelles Du mou dans la gâchette avec Jean Lefèvre et Bernard Blier et on lui doit même une collaboration au nanardesque Charlots Connection. Mais aucun de ces films n’aura l’ampleur et l’impact de Un Taxi pour Tobrouk qui à sa sortie attira prêt de 5 millions de spectateurs.

J’aime Un taxi pour Tobrouk depuis toujours. La fin brutale, tranchant des happy-ends des films de mon enfance, m’a marqué à vie. Ce film est souvent présenté comme un road-movie pacifiste, c’est oublier que le désert se caractérise pas son absence de route. Nous suivons ...

Voici un excellent film de guerre français (en co-production avec l'Espagne) des années 60 qui est devenu un grand classique, un film que j'ai vu très jeune, que j'avais apprécié et que je continue d'aimer beaucoup. Les Français ne peuvent rivaliser avec les superproductions ...

Je n'aime pas les films de guerre. ça m'ennuie profond, les films de guerre. Mais là, c'est pas pareil. D'abord, Un taxi pour Tobrouk, c'est une histoire familiale. Mon père adore ce film et m'en a transmis le virus. Depuis tout petit, je baigne dans cette ambiance douce-amère, ...