UN PEU DE SOLEIL DANS L'EAU FROIDE

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C’est en 1971 que le cinéaste français Jacques Deray réalise le film Un peu de soleil dans l’eau froide, juste après avoir signé Doucement les basses, avec Alain Delon,  et deux ans avant Un homme est mort, avec Jean-Louis Trintignant. Pas de grande vedette masculine en revanche dans cette adaptation d’un roman de Françoise Sagan dont le beau titre provient d’un poème de Paul Eluard. Pour écrire avec lui le scénario du film, Jacques Deray fit appel à Jean-Claude Carrière. Ensemble, ils adaptent ce roman paru quinze ans après Bonjour, Tristesse et à propos duquel Françoise Sagan déclara, je cite : « Je crois que c’est la première fois qu’il y a dans un de mes romans un personnage un peu absolu. Dans ma malheureuse littérature, c’est la première passion absolue, le premier drame. »
Lors du tournage du film, Jacques Deray est revenu sur sa conception de la mise en scène et singulièrement de l’adaptation en expliquant, je cite : « Le metteur en scène c’est quelqu’un qui s’est fixé le but de raconter des histoires à sa façon avec son potentiel de personnages et y mêlant ses obsessions. A partir du moment où c’est moi qui raconte Un peu de soleil dans l’eau froide, Sagan passe au second plan, car ma façon de voir les choses n’est pas forcément la sienne. Le film doit devenir un produit personnel et non une copie du roman mis en images. » fin de citation.

Le film reste cependant fidèle à la trame du roman qui raconte l’histoire d’amour dramatique entre Gilles Lantier, un journaliste parisien brillant, incarné par Marc Porel, et Nathalie Sylvener, une femme mariée, sincère, entière et passionnée qui tombe très rapidement amoureuse de lui lors d’une soirée provinciale. Et c’est l’actrice Claudine Auger qui incarne ce personnage. 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver NOCES ROUGES (Chabrol, comme Deray, situe la passion amoureuse et dévastatrice qu'il décrit dans la province française avec le même souci d'en décrire les codes et les rites.) ou encore QUELQUES JOURS AVEC MOI (C'est à Limoges que Claude Sautet situe l'action de son film, comme Jacques Deray).

« Un peu de soleil dans l’eau froide » occupe une place à part dans la filmographie très éclectique de Jacques Deray. Durant sa carrière, le cinéaste a oscillé entre des comédies, comme « Doucement les basses », des films policiers commerciaux comme « Un flic » et « Borsalino et cie », avec Alain Delon ou plus intimistes comme « Un papillon sur l’épaule », avec Lino Ventura et « On ne meurt que deux fois » avec Michel Serrault. Mais répondant un jour aux questions de Robert Elbhar, Jacques Deray livra la confidence suivante, je cite : « Parmi mes films, ceux qui me touchent de près, les plus personnels, sont au nombre de deux : « La Piscine » et « Un peu de soleil dans l’eau froide ». Et le cinéaste d’ajouter : « C’est toute ma sensibilité qui intervient dans ce type de réalisations ».
Rappelons que « La Piscine », a été réalisé trois avant « Un peu de soleil dans l’eau froide ». Contrairement à ce dernier, il affiche un duo d’acteurs stars avec Romy Schneider et Alain Delon, sans oublier à leurs côtés Jane Birkin et Maurice Ronet. Les deux films partagent en revanche des collaborateurs prestigieux avec en tête d’affiche Jean-Claude Carrière, pour le scénario, et Michel Legrand pour la musique originale. En outre, tous deux ont en commun de raconter des histoires d’amour pour le moins passionnelles. Jacques Deray, enfin, y fait preuve d’une grande maîtrise stylistique au service d’une capacité très forte à jouer sur des atmosphères.

Mais « Un peu de soleil dans l’eau froide » se singularise nettement quand on considère qu’il est l’adaptation d’un roman de Françoise Sagan.  A ce jour, on ne recense que huit films adaptés de cet auteur à succès. C’est Otto Preminger qui le premier, en 1958 adapta Sagan au cinéma avec « Bonjour, Tristesse » suivi la même année par un autre film américain, « Un certain sourire » de Jean Negulesco. Cinq ans plus, c’est au tour d’un cinéaste français, Roger Vadim, de proposer sa lecture du roman « Château en Suède ». Viendront ensuite Alain Cavalier avec « La Chamade », en 1968, puis Jacques Deray évidemment trois ans plus tard. C’est en 1975 que Françoise Sagan adapta et mis en scène elle-même son roman « Les Fougères bleues » avec Françoise Fabian et Gilles Ségal dans les rôles principaux. Enfin en 1990, José Pinheiro a réalisé « La Femme fardée ».

Inconnue, elle était ma forme préférée, Je n’avais pas le souci d’être un homme, Et, vain, je m’étonne d’avoir eu à subir Mon désir comme un peu de soleil dans l’eau froide. Paul Eluard. Lassé de sa vie stressante, de son métier, de ses amis, de sa maîtresse, ...