UN GRAND SEIGNEUR

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Un jour on a fermé les maisons closes en France et bien des hommes s’en sont trouvés marris. Les épouses, un peu moins. C’est sur le jour d’après qu’ « Un grand seigneur », film en trois sketches, s’amuse à broder.

Quand on apprendra que le film est millésimé 1965, qu’il est réalisé par Gilles Grangier et Georges Lautner, enfin que le dialogue fuse de la plume de Michel Audiard, on comprendra qu’une joyeuse gauloiserie est au rendez-vous.

Bien sûr, il fallait des stradivarius pour interpréter cette partition. Ils sont là: Blier, Carmet, Lefebvre, de Funès et Darry Cowl côté messieurs, Mireille Darc, Bernadette Lafont et Dominique Davray côté dames. Et roulez jeunesse…

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LES TONTONS FLINGUEURS DE GEORGES LAUTNER (1963) (Devenu la quintessence parodique du monde des gangsters, le film avec son casting haut en couleur, ses dialogues ricanants et son art du second degré fait désormais dans la culture populaire office de référence.) ou encore L'APOLLONIDE DE BERTRAND BONELLO (2011) (Portrait de groupe avec jeunes et moins jeunes femmes prostituées, "L'apollonide" a fait sensation lors de sa sortie, montrant sans complaisance et sans pathos la vie des "employées" d'un bordel à la fin du 19ème siècle.).

« Un grand seigneur » est sorti sous le titre « Les bons vivants » du titre du dernier sketches, celui avec de Louis de Funès. « 14 champions du rire! » annonçait le slogan sur l’affiche du film. Gilles Grangier a réalisé les deux premiers sketches: « La fermeture » et « Le procès », Lautner officiant pour le dernier « Les bons vivants ».

On y évoque bien sûr, suite à la loi Marthe Richard, la fermeture des lieux de plaisirs - des bordels pour parler couramment - le 13 avril 1946 précisément. Ladite Marthe Richard, simple conseillère municipale à Paris, avait été aviatrice, espionne et mythomane notoire. Elle était aussi une ancienne fille de joie qui veilla à ce que le fichier central des prostituées soient détruits pour que son nom disparaisse. Il est vrai que, pendant l’Occupation, la plupart des claques avaient été des lieux de collaboration.

Deux ans après « Les tontons flingueurs » Lautner a travaillé initialement sur un projet tiré d’une oeuvre de Tolstoï,
« Résurection », laquelle suivait le destin d’une fille-mère devenue prostituée avant d’être libérée de sa condition. Evidemment ce sujet grave vira potache et l’arrivée d’Audiard contribua à tourner l’affaire en dérision. Pour notre plus grand plaisir, il est vrai. La mythologie des « maisons », comme on disait, est celle du milieu de la nuit, des indics et des voyous. Albert Simonin auteur de la fameuse trilogie adaptée au cinéma « Touchez pas au gribi », « Le cave se rebiffe » et «Grisbi or not grisbi » (ce dernier adapté sous le titre des « Tontons flingueurs »), a travaillé à scénariser le film. Ah c’était le bon temps quand il y avait de la tolérance… et des maisons pour ça.

Quand j'ai vu que Georges Lautner et Gilles Grangier étaient à la réalisation, je me suis dit "tiens, il y en a un qui s'est fait virer pendant le tournage". Eh bien non, le film comprend trois court-métrages que les deux réalisateurs se sont partagés, servis par de bons ...

Michel Audiard a signé quelques unes des plus belles comédies françaises de l'histoire (Les tontons flingueurs, Les grandes familles, un singe en hiver...), et il a aussi couru le chèque en bâclant sans honte de nombreux projets infâmes (Comment réussir quand on est con ...

Je n'aurais jamais cru que Louis de Funès puisse m'émouvoir un jour. Ce film m'a fait à peu près le même effet que 'The Shootist', film dans lequel John Wayne m'arrachait pour la première fois une larme. Pour en revenir aux bons vivants, il faut faire remarquer que le film ...