UN FILS

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Le film de Mehdi M. Barsaoui que vous allez découvrir est un premier long métrage mais d’emblée, le cinéaste tunisien réussi à allier un drame qui pourrait n’être qu’un fait divers à une fable sociale, politique et intime à la fois…

Un fils raconte comment Meriem et Farès, couple aisé de la bourgeoisie tunisienne, voient leur vie basculer en rentrant de weekend : leur voiture est alors mitraillée par un groupe de djihadistes, blessant grièvement leur fils Aziz. Pour que l’enfant survive, une greffe de foie est vitale mais dans ce pays encore convalescent après la Révolution de 2011, rien n’est simple et tout va se compliquer, les nantis n’étant finalement pas épargnés…

Quand un secret familial remonte soudainement à la surface, les certitudes et les équilibres vont se rompre… Un thème universel, une mise en scène au cordeau et des acteurs impressionnants, notamment Najla Ben Abdallah et Sami Bouadjila, confèrent à cette oeuvre dense la dimension d’une véritable tragédie grecque…

 
Dans le même genre vous pouvez trouver BABEL (Il suffit parfois d'un accident, d'un incident, d'un coup de fusil ou d'un coup du sort pour faire basculer le destin de familles que l'on croyait à l'abri de toute tragédie...) ou encore RAZZIA (Maroc ou Tunisie : les cinéastes Arabes de ce 21e siècle débutant ont une vision aigue des soubresauts de leurs sociétés et n'hésitent pas à en dénoncer les travers ou les tabous...).

Il est toujours passionnant de constater que les pays en crise ou en guerre continuent d’exister aussi grâce au cinéma. Comme si leurs artistes, (réalisateurs, acteurs ou techniciens), voulaient témoigner du chaos ambiant et montrer que l’espoir réside parfois dans les décombres d’une nation… Pologne, Algérie, ex-Yougoslavie : les exemples sont nombreux ces dernières décennies. La Tunisie n’échappe pas à cette règle à la fois triste et salvatrice. Le film de Mehdi M. Barsaoui a été tourné dans cette Tunisie en friche depuis le printemps Arabe. Coincé entre désir de modernité et forte tradition, le pays est profondément divisé et Un fils montre bien cette dualité qui n’épargne personne et peut frapper soudainement, que l’on soit miséreux ou nanti…

Le succès du film prouve aussi la vivacité d’un 7e art tunisien qui est quasiment né avec l’Histoire du cinéma puisque les frères Lumières tournèrent dès 1896 des images animées dans les rues de la capitale avant que les premières projections en soient organisées l’année suivante à Tunis. En 1919, c’est le tout premier film réalisé sur le continent africain qui fut réalisé sur place : Les cinq gentlemen maudits de Luitz-Morat. Il faudra évidemment attendre l’Indépendance tunisienne en 1956 et la fin de la colonisation pour que les cinéastes locaux émergent véritablement, même si la production purement locale reste limitée, autour de 3 films par an encore aujourd’hui.

Mais grâce aux coproductions internationales et notamment françaises, les films tunisiens ont trouvé un écho mondial : Les ambassadeurs de Naceur Ktari en 1975, L’homme de cendres de Nouri Bouzid en 1986, Les silences du palais de Moufildla Tlati en 1994, Halfaouine, l’enfant des terrasses en 1990 et Un été à la Goulette de Férid Bouguédir en 1996 ont ainsi été montrés dans de grands festivals, (notamment Cannes où une vingtaine de longs métrages tunisiens ont été en compétition depuis les années 70), et conquis un public bien au-delà de leurs frontières…

« Ce pays est foutu ». La réplique qu'on peut entendre au milieu du film sonne comme une sentence définitive. Pour son premier long-métrage, Mehdi M. Barsaoui ancre un drame familial durant la période des Printemps Arabes. Un riche couple de Tunisiens voient leur ...

Entre tragédie grecque et drame cornélien, le réalisateur tunisien Mehdi M. Barsaoui, également scénariste, frappe fort, et cela dès son premier film. De la tragédie grecque, « Un Fils » a la fatalité : au détour d’une route du désert, un groupe djihadiste mitraille ...

Le cinéma tunisien témoigne d'une excellente forme ces temps-ci avec Noura rêve (intimiste), Un divan à Tunis (désopilant) et Un fils (stressant). Trois manières de sonder l'état des lieux du pays, même si, dans le cas du dernier, l'année où l'action se passe est 2011, ...