THE SPIDER en VOD
- De
- 1958
- 73 mn
- Fantastique / Horreur
- Etats-Unis
- Tous publics
- VO - HD
PARCE QUE
Le film d’insecte géant est, on l’a un peu oublié, un sous-genre en soi, majeur dans la science-fiction pré-moderne, quasi disparu depuis même s’il continue d’exercer une influence diffuse dans le cinéma fantastique contemporain – les araignées géantes du Seigneur des anneaux ou de Harry Potter ne viennent pas de nulle part, et doivent forcément une part de leur charge horrifique à la cinéphilie bis de Peter Jackson ou de Chris Columbus. S’il a sans doute été favorisé par les moyens visuels de son époque, le genre tient donc une place majeure dans le cinéma d’exploitation des années 50, avec plus généralement tout ce qui tient à la fois au gigantisme ou au miniaturisme.
Bert I. Gordon n’en est certes pas un représentant aussi reconnu que Jack Arnold, à qui il emprunte ici un monstre déjà populaire, trois ans après Tarantula. L’économie est celle de la série B, voire Z, et l’intrigue s’en tient donc à une épure aussi modeste qu’efficace : une structure en trois actes où la créature est découverte, puis traquée, puis affrontée dans une résolution finale, dans une petite ville américaine générique. Les apparitions de l’araignée compensent les moyens spartiates par des jeux d’échelle ingénieux, mêlant projection et maquettes, déployés dans un décor naturel de grottes dont Gordon exploite tout particulièrement la dimension expressionniste.
Si le film tient l’épreuve du temps, et peut même sembler étonnamment moderne dans certaines scènes, c’est par son ancrage dans une forme embryonnaire de teen movie. Carol et Mike sont certes des figures évidemment plus consensuelles et moins subversives que leurs homologues de La Fureur de vivre, mais n’en sont pas moins des personnages pris au sérieux, agissant avec un mélange d’assurance et de pragmatisme qui leur permet de devancer leurs aînés figés dans une posture protectrice et sceptique, et surtout de véritables figures adolescentes, s’adonnant au rock dans une scène d’ailleurs assez drôle. Manière sans doute de tendre un miroir au public des drive-in pour lequel le film se destine principalement : c’est l’exemple d’un cinéma modeste et populaire, empreint d’un certain second degré, soucieux de regarder l’Amérique de son temps.