EP21 : LE ROI DU MAQUILLAGE [...]

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En moins de 3 minutes, Georges Méliès pose les bases de tout un genre cinématographique. À travers le récit de Méphistophélès cherchant à venir à bout d’un duo d’explorateurs dans son manoir, le cinéaste déploie tout un bestiaire macabre et fantastique qui va infuser sur toute l’histoire du cinéma, encore aujourd’hui. Chauve-souris, démon, fantômes…. autant de créatures que l’on retrouvera dans de nombreux classiques, et que le cinéaste utilise à bon escient. L’imagerie horrifique prend appui sur un décorum évoquant la sorcellerie. Cette dernière sera l’un des piliers de chefs d’oeuvres du muet, comme Faust et Häxan la sorcellerie à travers âges.

Bien que Le Manoir du Diable inaugure le cinéma d’horreur, il donne également naissance à son pendant comique. Les confrontations entre le duo d’explorateurs et les diverses manifestations surnaturelles, sont l’occasion d’une débauche permanente de gags mettant à mal nos protagonistes. Une manière pour Méliès de travailler visuellement l’élément fantastique en misant sur une chorégraphie visuelle propice au splatisck. Une approche que poursuivra bien des décennies plus tard le français René Clair avec Fantôme à vendre, et que perpétuera des cinéastes aussi divers que Nobuhiko Ōbayashi, Sam Raimi, Sammo Hung ou encore Peter Jackson.

L’autre tour de force du Manoir du Diable réside dans son récit prenant place dans un seul décor. Bien que ce procédé tienne du théâtre, Méliès va dynamiter l’ensemble de l’intérieur pour éviter de tomber dans les travers d’une simple captation théâtrale. Le cadre fantastique du récit, est l’occasion pour le cinéaste de jouer sur une histoire en temps réel, où la frénésie de l’action et des effets l’obligent à se détourner du rythme d’une pièce de théâtre. Par ailleurs, bien que Le Manoir du Diable s’avère extrêmement court, ce dernier raconte une histoire complète, où les diverses scènes forme un tout parfaitement organique fonctionnant sur un vrai crescendo.

Les principaux éléments qui permettent à Méliès de donner un plus valu spécialement cinématographique au Manoir du Diable ce sont les trucages auquel il s’adonne. Principalement pour faire apparaître et disparaître des éléments dans le cadre. Ces trucages témoignent d’une envie du réalisateur de travailler la prestidigitation au sein du langage cinématographe, ce qui en fait un véritable élément de mise en scène. La prouesse technique est indissociable de l’histoire contée. Dans cette profession de foi artistique, imbriquant la forme et le fond, Méliès peut être vu comme un précurseur de réalisateurs tels que Robert Zemeckis ou James Cameron.