SPIDER BABY

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Le réalisateur Jack Hill est surtout connu comme un des maîtres de la Blaxploitation, ces films d'actions américains joués par des Noirs pour des Noirs, mais réalisés par des blancs. On lui doit notamment la découverte de l'actrice Pam Grier dans un film de prison de femmes The Big Doll House (1971), actrice à qui il devait ensuite apporter la consécration avec Coffy, la panthère noire de Harlem et Foxy Brown.

Mais avant ces exploits, il avait étudié le cinéma à UCLA, la célèbre université de Californie où il était dans la même promo que Francis Ford Coppola. C'est d'ailleurs au côté du futur réalisateur d'Apocalypse Now qu'il a fait ses débuts dans la mise en scène, sous la houlette du producteur de série B Roger Corman. On sait même qu'ils ont collaboré ensemble à un film en 1963 The Terror. Mais très vite leurs chemins se sont séparés. Coppola s'est tourné vers les grands studios hollywoodiens alors que Jack Hill s'est cantonné à la série B.

Spider Baby est un film vraiment fauché qu'il a tourné en 12 jours entre fin août et septembre 1964 pour une somme avoisinant les 65.000 dollars. Le film n'est sorti que quatre ans après parce qu'il a été bloqué dans l'intervalle par la faillite de ses producteurs. Malgré la présence attractive de Lon Chaney Jr, ce film n'a guère connu de succès, condamné à ressortir sans cesse sous de nouveaux titres tous plus fantaisistes les uns que les autres comme The Liver Eaters et Cannibal Orgy, or the Maddest Story ever told.
Dans les années 80, il a été redécouvert par les fans de cinéma bis qui en ont fait une sorte de porte étandard. Ce que vous comprendrez aisément en découvrant les scènes qui ont donné son titre au film.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LA FAMILLE ADDAMS ou encore MARÉE NOCTURNE .

La délirante chanson du générique de début, qui parle de vampires et de loup-garous sans qu'il ne soit jamais question de ces monstres dans le film, est un moyen de camper son humour et aussi de rendre hommage à son interprète Lon Chaney Jr. Car avec les paroles de cette chanson, Lon Chaney Jr renvoie à quelques uns de ses rôles fameux qu'il a tenus dans les films fantastiques Universal de la fin des années 30 et 40 : Le Loup-garou bien sûr, mais aussi Dracula.

Quand Jack Hill vient le chercher pour Spider Baby, sa carrière est au plus bas. Il vient de jouer dans La Malédiction d'Arkham de Roger Corman d'après Lovecraft, mais il est surtout en proie au démon de l'alcool. Bien décidé à saisir cette chance qui s'offre à lui de s'ouvrir à un registre résolument comique tout en restant dans la macabre, il a accepté de jouer pour un maigre cachet de 2500 dollars. Surtout, il a décidé de rester sobre durant les 12 jours du tournage ne s'accordant dit-on qu'une demie bière chaque après-midi.

Jack Hill peut s'enorgueillir d'avoir engagé pour ce film une autre gloire des années 30, l'acteur noir Mantan Morland qui tient le rôle du coursier à la moto. Sa carrière a paradoxalement souffert de la décision d'Hollywood de reconsidérer l'image du Noir dans son cinéma dans les années 50. Car avant, Moreland excellait dans un registre comique qui moquait gentiment ses camarades de couleur et qui a ensuite paru raciste.

Sid Haig qu'on a revu récemment dans les films d'horreur de Rob Zombie, comme Devil's Reject, est l'acteur fétiche de Jack Hill. Il a tourné une dizaine de films sous sa direction, à commencer par son film de fin d'études à UCLA, en 1960, The Host. Film qui aurait influencé Coppola pour le dernier tiers d'Apocalypse Now.

En revoyant aujourd'hui Spider Baby, on est stupéfait de voir tous les films qu'il préfigure. à commencer par le ton et l'humour macabre de La Famille Addams qui n'était pas encore diffusé au moment du tournage. On peut se demander aussi s'il n'a pas marqué un cinéaste cinéphile comme Sam Raimi qui, dans son premier film Evid Dead (1981), a repris cette idée des zombies enfermés à la cave. Les scènes de meurtre de Spider Baby restent relativement modestes dans la violence graphique. Mais il y a quand même pour le premier crime ce plan insistant sur l'oreille coupée de la victime, qui a ouvert la voie au David Lynch de Blue Velvet.