QUI ÊTES-VOUS, MONSIEUR SORGE ?

en VOD

Le 7 novembre 1944, Richard Sorge, 49 ans, né d’un père allemand et d’une mère russe, était pendu au Japon, condamné à mort pour espionnage au profit de l’Union soviétique. Ce personnage, à la vie hautement romanesque, compte parmi les hommes de l’ombre les plus fascinants qui soient.

Sorti en 1961, Qui êtes-vous Monsieur Sorge ? évoque l’existence hors du commun de ce communiste convaincu qui opérait sous couvert d’une identité de journaliste membre du parti nazi. Un texte en ouverture du film précise que les auteurs se sont uniquement appuyés sur des « documents réels et sur les récits de témoins directs ».

Hans Otto Meissner qui a bien connu Sorge et travailla à l'ambassade d'Allemagne à Tokyo, a ainsi collaboré comme conseiller technique et apparaît dans son propre rôle. Avec Qui êtes-vous Monsieur Sorge ? le metteur en scène Yves Ciampi brosse le portrait d’un aventurier qui, selon lui, trouvait dans l’espionnage une forme de jeu satisfaisant « son besoin de se prouver à lui-même sa suprême intelligence en même temps que de servir une cause qu'il aimait indiscutablement. »

 
Dans le même genre vous pouvez trouver L'AFFAIRE FAREWELL (Un ingénieur sans histoires (Guillaume Canet) se retrouve pris dans une affaire d'espionnage entre l'Union soviétique, les États-Unis et la France. D'après une stupéfiante histoire vraie.) ou encore L'AFFAIRE CICÉRON (Une autre histoire d'espionnage pendant la Seconde Guerre mondiale. Mankiewicz nous raconte avec son élégance inimitable comment les nazis ont failli entrer en possession des plans du débarquement.).

« Une bonne histoire d'espionnage ne s'invente pas, elle se rencontre », a déclaré Yves Ciampi à la sortie de son film. C’est en lisant le livre de Hans Otto Meissner sur Sorge, que le réalisateur a eu envie de porter à l’écran la carrière de cet espion dont Staline aurait dit : « il nous a sauvés ». Et pourtant, les informations fournies par l’agent secret ont beau avoir eu une importance capitale pour l’armée rouge, elles n’ont pas toutes été considérées avec tout l’intérêt qu’elles méritaient. « Sorge n'est qu'un petit merdeux occupé à monter ses petites affaires et ses bordels au Japon !» aurait griffonné Staline face à l’annonce de l’attaque prochaine de l’URSS par Hitler donnée par Sorge au printemps 1941. Peu après, le « petit père des peuples » constatera, à ses dépens, la solidité des infos de Sorge.

L’un des mystères qui entourent encore Richard Sorge reste celui de sa mort. Pour certains, Sorge n’aurait pas été exécuté par les Japonais, il aurait été échangé contre des Japonais détenus en URSS. Yves Ciampi lui-même s’est interrogé : « quand j'ai commencé le film j'ai cru qu'il avait été pendu ; et c'est en récoltant peu à peu une série d'informations nouvelles que je me suis mis à en douter. » Un officier de renseignement étranger lui avait d’ailleurs expliqué qu’on ne tue pas des gens tels que Sorge : « cela ne sert à personne et c'est une mauvaise opération. On tue les petits mais pas les "vedettes". Par contre, il faut qu'on dise qu'ils sont morts pour décourager les candidats, et pour d'autres raisons… »

Aux côtés de Thomas Holtzmann, un comédien allemand venu du théâtre qui campe Richard Sorge, la baronne Sakurai est interprétée par Keiko Kishi. L’actrice avait tourné auparavant sous la direction de maîtres du cinéma japonais dont Mikio Naruse et Yasujiro Ozu. Épouse d’Yves Ciampi à l’époque, elle avait donné la réplique à Jean Marais dans Typhon sur Nagasaki, une précédente réalisation de son mari. Après Qui êtes-vous Monsieur Sorge ? elle a mené en parallèle une carrière au Japon et à l’international, jouant notamment dans Rififi à Tokyo de Jacques Deray et Yakuza de Sidney Pollack.