POUPOUPIDOU

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Marilyn Monroe n’a pas marqué que des générations de spectateurs. Des cinéastes aussi.

Avec Poupoupidou Gérald Hustache-Mathieu réinvente le destin de la future star hollywoodienne dans une version française. Sa Marilyn, a pour prénom Martine; c'est une fille de Mouthe, un coin du Jura profond qui doit bien valoir Hawthorne celui de Californie ou à grandi celle qui s’appellait encore Norma Jean.

Martine, qui prend le pseudonyme Candice Lecoeur, gravit les petits échelons de la célébrité locale mais n’aura jamais le temps de devenir Miss Jura : on retrouve son cadavre dans une plaine neigeuse. Un auteur de polars passe par là. Il décide que la morte, qu’il verrait bien victime d’un meurtre, pourrait bien enfin faire de lui un James Ellroy français. Il va être aidé par un gendarme qui rêve d’entrer dans la police montée canadienne.

Chacun cherche donc à devenir quelqu’un avant d’être soi dans Poupoupidou. Une thèse qu’Hustache-Mathieu confronte au fameux adage d’Andy Warhol sur la célébrité. A une belle nuance près : si Warhol redéfinissait Marilyn par le pop-art, Candice l’est par des bobards ; ceux d’hommes ne voyant en elle qu’un corps et pas une âme. Pendant que l’écrivain prend des notes pour son futur livre, on peut lire entre les lignes de ce film singulier une très attachante élégie de la vie par procuration.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver PRÊTE À TOUT (Une jeune femme de province sans autre arme qu'une volonté de fer décide de réussir dans le monde) ou encore FARGO (L'humour n'est pas absent de ce polar enneigé...).

Au tout début de Poupoupidou, Candice parle des journaux intimes qu’elle rédige, pour en dire que son écriture n’a ni style ni talent. C’est un des premiers échos du film de Gérald Hustache-Mathieu avec Marilyn Monroe qui s’est longtemps autodépréciée. Le style, Poupoupidou n’en manque pas, au point de détonner sérieusement dans le cinéma français du début des années 2000, en faisant appel à plusieurs registres du polar à la comédie, mais qui trouve son charme prenant en n’entrant dans aucune de leurs cases.

Le point de départ n’est d’ailleurs pas celui que l’on pense, quand Hustache-Mathieu et sa coscénariste Juliette Sales sont partis non pas d’une pin-up engloutie par ses rêves de gloire mais de David Rousseau, l’écrivain à succès, qui n’arrive pas à être pris au sérieux par les critiques littéraires au point d’être en panne d’écriture depuis plusieurs années. Derrière ces deux personnages en quête de reconnaissance, il y a le complexe social qu’a longtemps nourri un réalisateur issu d’un milieu modeste, ne se sentant pas légitime dans le monde du cinéma.

Le goût pour le contre-emploi de Poupoupidou vient peut-être aussi en partie de là. Hustache-Mathieu a fait appel pour jouer Roussseau, à Jean-Paul Rouve, à l’époque connu comme un des Robins des bois, la troupe comique adepte d’absurde à la Monty Python. L’acteur y fait merveille en antihéros un peu aigri s’enfonçant autant dans la neige du Jura que dans le mystère de la mort de Candice. Pour ce rôle, Hustache-Mathieu a joué la carte de la fidélité en imposant Sophie Quinton, avec qui il avait tourné des courts métrages et ses deux premiers long, La chatte andalouse et Avril. Valeur montante, et très remarquée, la comédienne, aperçue hormis chez Hustache-Mathieu dans les films de Solveig Anspach, Julie Delpy ou Lucas Belvaux, l’actrice s’est étonnamment faite plus discrète. Comme si elle avait fait sienne la description de Candice par Rousseau dans son roman : «  On ne la voyait que lorsqu’elle avait décidé d’apparaître ».

Le talent est là, c'est une évidence, l'amour du cinéma, ici celui de Lynch, des Coen, transpire de partout. Mais le réalisateur du déjà prometteur "Avril" sait aller au-delà de ses références, même si l'on peut craindre durant la première partie qu'il n'arrive pas ...

Poupoupidou intrigue et rend son spectateur curieux. Car celui-ci cerne son identité avec difficulté. Aux confluents de plusieurs atmosphères et de différents tons qui peuvent dans un premier temps dérouter, le réalisateur Gérald Hustache-Mathieu picore et émaille son film ...

Excellent film. Poupoupidou n'est ni un drame, ni une comédie, ni un polar, c'est tout à la fois et en mieux. Esthétiquement, les images sont belles et la lumière froide des paysages jurassien enveloppe toutes les scènes, nous fait ressentir le froid et la solitude de Mouthe, ...