PIQUE-NIQUE À HANGING ROCK

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Bien avant de faire carrière aux Etats-Unis, le cinéaste australien Peter Weir réalisait en 1975 : Pique nique à Hanging Rock. En 1900, le jour de la Saint-Valentin, un groupe d’écolières part donc pique-niquer avec plusieurs de leurs professeurs aux abords de cette magnifique formation volcanique située sur les pentes du Mont Macedon dans l’Etat de Victoria. Une fois sur place, une maîtresse disparaît ainsi que trois jeunes filles, dont l’une est retrouvée une semaine plus tard sans se souvenir de ce qu’il s’est passé. Le reste est une question d’ambiance, de non-dit, de poésie feutrée, d’irrationnel étrange. En adaptant la nouvelle de Joan Lindsau, Peter Weir a donc fait un pur film atmosphérique comme il le précisait d’ailleurs  à l’époque :  « J’’ai voulu déplacer graduellement l’attention du mystère qui s’était constitué dans la première partie, pour développer l’atmosphère oppressante d’une chose qui n’a pas de réponse ».

Et de rajouter plus loin : «  J’ai fait tout ce qui était en mon pouvoir pour hypnotiser le public et lui faire oublier la possibilité qu’il y ait une solution ». En se laissant transporter par les images de  Pique Nique A Hanging rock, on pense à la fois aux univers des romans d’Henry James et de Lewis Carroll mais aussi aux photos de David Hamilton et aux films de Jean Cocteau. Du pur cinéma fantastique métaphysique qui, si on y est sensible, peut bouleverser une vie de cinéphile.

 
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Bien que peu diffusé dans les salles, Pique Nique à Hanging Rock a fait sensation auprès de certains cinéastes. Comme Pascal Laugier, le réalisateur de Martyrs qui, dans son premier long métrage Saint Ange, s’est également attaqué à ce fantastique discret, mystérieux et mélancolique ou le non-dit et les sensations prennent le pas sur l’action et les scènes chocs. Mais les deux réalisatrices qui se sont le plus inspirées du film sont Lucile Hadzihalilovic et Sofia Coppola. La première avec le trop peu vu Innocence et la deuxième avec son Virgin Suicides.

Deux films qui, tout comme Pique à Hanging Rock, parlent aussi des mystères de l’adolescence où les fantasmes sexuels inconscients et la peur de grandir font communion totale avec la nature. Le film de Weir a donc fait école, y compris dans le cinéma fantastique australien des années 70/80 avec d’autres grands films du genre comme Harlequin,  Long Week End et surtout la Dernière vague,  un autre chef d’œuvre de cinéma atmosphérique que Peter Weir réalisa deux ans après Pique Nique. Et une légende tenace prétend que la nouvelle de Joan Lindsay serait en fait adaptée d’évènements authentiques survenus dans l’Australie du début du 20 e siècle.

D’ailleurs, depuis que le film est sorti voici trente ans, le lieu même du tournage est encore fréquemment visité. Situé à  8O km au nord de Melbourne, la région de Hanging Rock est bardé de petits chemins et de sentiers qui permettent d’aller explorer  le rocher du film et ses alentours. Et vous pouvez même y faire un pique-nique tout en espérant apercevoir - qui sait -  quelques ombres fantômatiques de jeunes filles perdues dans la quatrième dimension…