PETULIA

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Petulia, sorti en France en novembre 1968 – le même jour que la Grande lessive de Jean-Pierre Mocky – est le premier film américain de Richard Lester né à Philadelphie mais ayant fait carrière en Angleterre, déjà auteur, à l’époque, de Quatre garçons dans le vent – avec les Beatles – et de le Knack... et comment l’avoir, Palme d’or à Cannes en 1965.

Avec cette « anti-comédie américaine », comme la qualifia Marcel Martin dans la revue Cinéma, Lester adapte le roman satirique et ironique d’un dentiste et romancier allemand (John Haase) mettant en scène Petulia, jeune femme moderne récemment mariée à un homme parfois violent et tombant sous le charme d’un médecin d’âge mûr, récemment divorcé.

Dans le rôle titre, vous reconnaîtrez Julie Christie (26 ans), entre le Docteur Jivago de David Lean et le Messager de Joseph Losey. Son mari n’est autre que Richard Chamberlain, dans son premier rôle important au cinéma, mais déjà célèbre pour avoir tenu le rôle titre des 191 épisodes de la fameuse série : Dr Kildare. Enfin, l’amant de Petulia est incarné par George C. Scott (40 ans), deux ans avant qu’il ne devienne le général Patton dans le film homonyme de Franklin J. Schaffner.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver SAMEDI SOIR ET DIMANCHE MATIN (1960) (Avec la même liberté de ton, Karel Reisz raconte la romance d’un ouvrier rebelle face à Brenda, une femme mariée, et à Doreen, qui voudrait l’épouser.) ou encore SUEURS FROIDES (1958) (Dix ans avant Richard Lester, Alfred Hitchcock posa, lui aussi, sa caméra à San Francisco...).

Pour l’image – souvent saturée – de son film, Richard Lester fit appel à Nicolas Roeg, qui venait d’éclairer Julie Christie dans le Docteur Jivago de David Lean, dans Fahrenheit 451 de François Truffaut ainsi que dans Loin de la foule déchaînée de John Schlesinger. A 42 ans, juste après le tournage de Petulia, Nicolas Roeg deviendra réalisateur, avec des films tels que Ne vous retournez pas, dans lequel il retrouvait une fois de plus Julie Christie, cette fois face à Donald Sutherland, ou l’Homme qui venait d’ailleurs, avec David Bowie.
A 63 ans, Joseph Cotten joue, ici, le père de Richard Chamberlain, qu’il avait croisé en 1962 dans un épisode de Dr Kildare. Durant ces années 60, cet ex-rugbyman fidèle compagnon de route d’Orson Welles, tourne encore beaucoup – cinq films en 1967, sept films en 1968 – mais des films, aujourd’hui, un peu oubliés, à l’exception de Chut, chut, chère Charlotte, de Robert Aldrich,  et Tora ! Tora ! Tora !, de Richard Fleischer.

Musicien, auteur d’une comédie musicale, réalisateur de deux longs métrages avec les Beatles, on comprend que Richard Lester ait particulièrement soigné la bande-son de son film. D’une part, il fit appel une nouvelle fois à John Barry, qui avait composé la musique du Knack... et comment l’avoir et qui, huit ans plus tard, composera celle de la Rose et la flèche.
D’autre part, il invita quelques personnalités de la côte ouest des Etats-Unis à se joindre au tournage, tels Janis Joplin et son groupe Big Brother and the Holding Company qui interprètent ensemble deux titres signés Janis Joplin. On retrouve aussi les Grateful Dead qui, dans un gros délire psychédélique très seventies, interprètent leur premier tube, une vieille chanson de la fin ses années 1920 : Viola Lee Blues.

Chef de file du cinéma indépendant américain à petit budget et Palme d’or à Cannes en 1989 avec Sexe, mensonge et vidéo, Steven Soderbergh admit avoir été très influencé par le travail de Richard Lester (de 30 ans son aîné), et tout particulièrement par Petulia. D’ailleurs, en 1999, il fit paraître un livre intitulé Getting Away With It, une suite d’entretiens avec Richard Lester, consacrés à leur commune passion du cinéma et de la cinéphilie.

Quel chouette film de Dick Lester ! Il faut dire que lorsqu'on dispose de Julie Christie et George C. Scott en tête d'affiche, Nicolas Roeg en chef op' et John Barry à la musique, on met toutes les chances de son côté ! Petulia donne en effet l'impression d'être la conjugaison ...

Un des plus nets marqueurs qui différencie le consommateur occasionnel et un amateur acharné de cinéma (je n'ose employer le terme de cinéphile) tourne autour de la phrase suivante: j'ai passé un bon moment. Pour les premiers, l'instant agréable est un critère essentiel ...

Kaléidoscopes d'émotions, d'images et de sensations que ce film de Richard Lester, décidément bien loin des comédies du côté des Beatles type A Hard Day's Night et des suites de Superman, engagé ici dans une peinture de la fin des années 1960. Il ne sera pas question du ...