NOBLESSE OBLIGE

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A la fin des années 1940, lorsque Robert Hamer lui propose un rôle dans Noblesse oblige, Alec Guinness a 35 ans et joue au théâtre depuis une bonne dizaine d’années mais n’a, quasiment, aucune expérience cinématographique, si ce n’est deux apparitions dans deux films de David Lean, les Grandes espérances en 1946 et Oliver Twist, en 1948, où, déjà très maquillé, il incarnait le peu recommandable Fagin. Fort de cette récente expérience de composition, le comédien propose d’incarner les huit membres de la famille d’Ascoyne, du jeune banquier amoureux au vieux pasteur, en passant par l’amiral, le général et, même, lady Agatha ! 

Dans ses mémoires – tout simplement intitulées Mémoires – le comédien n’accorde que quelques lignes à Noblesse oblige, qui le rendit pourtant célèbre du jour au lendemain. Il compare Robert Hamer à « une grenouille sympathique mais un peu hautaine » et, à propos des quatre films qu’ils tournèrent ensemble, il précise : "Noblesse oblige était brillant, un autre passable, un assez mauvais et un, enfin, carrément effroyable". 

Voici le brillantissime Noblesse oblige ! 

 
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Noblesse oblige est sans doute le plus célèbre des films produits entre 1938 et 1958 par Michael Balcon. Grand-père de l’acteur Daniel Day-Lewis, Michael Balcon avait déjà produit plus de 150 films – dont les toutes premières œuvres d’un certain Alfred Hitchcock – lorsqu’il se retrouva à la tête des studios d’Ealing, un lieu devenu mythique, dans les environs de Londres, où des cinéastes – employés à l’année et choisis pour leur talent autant que pour leurs affinités réciproques – décidaient eux-mêmes des sujets de leurs films. Plus qu’un studio, on peut parler d’une école Ealing. Travaillant dans une ambiance que Roger Boussinot, dans son épaisse Encyclopédie du cinéma, qualifie « d’artisanat amicalement industrieux », les employés des studios d’Ealing – réalisateurs, scénaristes, techniciens, comédiens – donnèrent naissance à un style cinématographique singulier, faisant partager au public leur goût pour le fameux, le féroce, le corrosif humour anglo-saxon.

Parmi la centaine de films produits, on citera surtout : Passeport pour Pimlico, d’Henry Cornelius, ainsi que Whisky à gogo, l’Homme au complet blanc et Tueurs de dames, trois comédies d’Alexander Mackendrick.

Après Noblesse oblige, Alec Guinness fit une carrière cinématographique éblouissante avec, entre autres, le Pont de la Rivière Kwaï, Lawrence d’Arabie et le Docteur Jivago, trois films de David Lean, et, plus tard, la Guerre des étoiles, l’Empire contre-attaque et le Retour du Jedi, la célèbre trilogie dans laquelle une nouvelle génération de spectateurs le découvrait en Obi-Wan-Kenobi. En revanche, son partenaire Dennis Price, qui avait déjà tourné dans une vingtaine de films, poursuivra sa très prolifique – sinon très enthousiasmante – carrière jusqu’en 1974 date à laquelle son incarnation du fameux Van Helsing, face à Ringo Starr en Merlin l’enchanteur, dans le Fils de Dracula, de Freddie Francis, mit un point final à une filmographie de plus en plus souvent vouée aux productions érotico-fantastiques de série Z. 

Enfin, cinq ans après son rôle de veuve se remariant avec l’assassin de son mari, on retrouvera la britannique Valerie Hobson en épouse délaissée par son volage mari, alias Gérard Philipe, dans Monsieur Ripois.

Pour ma millième critique, je souhaitais un film exceptionnel, un bijou inoxydable, et quoi de mieux que Noblesse oblige que j'ai pu rattraper en replay ce jour ?, ça aurait été un crime de laisser passer ce film qui reste un de mes préférés. C'est un véritable joyau de ...

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