MON NOM EST PERSONNE en VOD
- De
- 1973
- 111 mn
- Guerre / Western
- Allemagne | France | Italie
- Tous publics
- VM - HD
PARCE QUE
S'il en a laissé la réalisation à son ancien assistant et déjà réalisateur reconnu Tonino Valerii, l'ombre de Sergio Leone plane partout sur le film. Crédité comme producteur et ayant eu l'idée originale du projet, il en aurait également tourné quelques scènes, au grand dam de Valerii. Dès l'introduction, le style visuel, la gestion du suspense dans un silence tendu, le tout bien sûr souligné par la musique du géant Ennio Morricone, tout le style du réalisateur est là. Pour mieux l'amener ailleurs par la suite.
En effet, si on peut placer ce film dans la filmographie du maître du western italien, ce serait néanmoins dans une case à part. Une case plus comique, puisqu'il va chercher Terence Hill, déjà célèbre avec son compère Bud Spencer grâce à la série des Trinita, des parodies de western spaghetti. Sa confrontation avec Henry Fonda opère ainsi d'emblée comme l'opposition de deux périodes du western, l'un sérieux et l'autre comique. "Finir est souvent plus difficile que commencer" soupire Fonda. Pourtant, c'est bien le bouffon Hill qui va lui permettre de retrouver son panache.
Car malgré quelques scènes de pure comédie incluant bruitages de cartoon et humour potache, le film n'a rien d'une parodie. Peu à peu, le désinvolte Personne se révèle sans cesse plus profond, et si on peut d'abord le croire venu pour dynamiter le mythe du western, il va en réalité le sublimer. Une évolution brillamment soulignée par la musique d'Ennio Morricone, entre auto-citation et références parodiques, avant que le thème léger du personnage principal ne révèle toute sa majesté. Il ne s'agit pas de déconstruire, mais de prendre de la distance avec le genre. Et y porter un regard d'une profonde tendresse.
Bien sûr, le nom de son héros, ainsi que d'autres éléments comme cette surnaturelle "horde sauvage" de 150 criminels, confèrent au film un aspect mythologique. Personne court d'aventure en aventure, à la recherche de son destin. Plus largement, et d'une manière explicitée par son final, le film opère comme une sorte de méta-récit, une ode aux histoires et leur aspect aussi futile que fondamental. Par ses choix de castings, mais aussi par un tissu de références plus ou moins directes, le film déroule tout un propos sur le genre entier du western, et ses multiples visions de l'Amérique. Paradoxalement, c'est sans doute ce qui en fait l'un des plus universels du genre.