LA LÉGION DES DAMNÉS en VOD
- De
- 1970
- 90 mn
- Guerre / Western
- Espagne | Italie
- Tous publics
- VM - HD
PARCE QUE
Sorti en 1969 après l’énorme succès des 12 salopards (1967) de Robert Aldrich, La Légion des damnés ne prétend pas révolutionner le genre, mais s’en sort honnêtement. Biberonné au cinéma américain, le réalisateur Umberto Lenzi traite le genre avec sérieux et, selon le site Nanarland qui a eu l’occasion de l’interviewer avant sa mort en 2017, ses films traitant de la Seconde guerre mondiale “font partie des rares films que Lenzi, une fois à la retraite, évoquera avec fierté”.
C’est l’occasion de (re)découvrir un “acteur à tronche” : Jack Palance. Né en 1919, en Pennsylvanie, de parents immigrés ukrainiens, Volodymyr Ivanovich Palahniuk change de nom bien avant sa carrière hollywoodienne, tout simplement Parce que… personne n’arrive à le prononcer. Au cours de sa carrière, l’acteur incarne de nombreux méchants à la télévision et au cinéma, notamment à cause de sa stature impressionnante (1m93) mais surtout à cause de sa “gueule”, en partie héritée d’un accident d’avion en 1943 alors qu’il servait dans l’US Air Force. Dans La Légion des damnés, Jack Palance incarne le colonel Charley McPherson (renommé “Anderson” dans la VF), un colonel rebelle et sans pitié, mais las de voir ses hommes se faire massacrer alors que les hauts-gradés restent bien au chaud dans leurs bureaux. Petite anecdote pour briller en soirée : le célèbre dessinateur de comics Jack Kirby se serait inspiré du look de Jack Palance pour créer, en 1970, Darkseid, l’un des plus dangereux ennemis de Superman.
À l’époque, c’est bien simple : si un genre cinématographique cartonne à Hollywood, alors les déclinaisons italiennes arrivent en masse les années suivantes. Avec les cartons des Canons de Navarone (1961), de Quand les aigles attaquent (1968) et surtout celui des 12 Salopards (1967), les producteurs italiens veulent à tout prix surfer sur la vague des films de commandos. Le réalisateur Umberto Lenzi sera l’un des grands artisans de ce cinéma italien de genres (au pluriel car il touchera aussi bien au péplum qu’au giallo, en passant par les clones de James Bond et les films de zombies) . Peut-être pas grand par le talent diront ses détracteurs, Umberto Lenzi est certainement “grand” par sa productivité : 65 films en tant que réalisateur en 34 ans de carrière. D’ailleurs, l’année de la projection en salle de La Légion des damnés, Umberto Lenzi sort… trois films, tout simplement. On dit comment “stakhanoviste” en italien ?
Dans le cinéma italien de l’époque, il faut tourner vite et pour pas cher. Indubitablement, La Légion des damnés n’a pas échappé à la règle. Les bocages normands où se déroule l’action du film semblent avoir été touchés par une canicule qui a grillé toute la végétation… Normal, le film a été tourné près de Madrid pour des raisons de budget. Un critique averti de la chose militaire a également repéré que, pour des raisons de budget, les figurants partagent les mêmes costumes d’un régiment d’artillerie tout le long du film et qu’ils sont quasi tous équipés de mitraillettes Beretta, une arme italienne. Qui dit peu de budget, dit peu de figurants. Ce qui donne lieu à un dialogue involontairement drôle quand, avant d’attaquer un convoi militaire, le soldat américain du commando constate que “c’est toute l’armée allemande qui est là”... alors que l’on aperçoit qu’une douzaine de soldats allemands à l’écran.