LES CRÉATURES

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Les créatures est sans doute le film le plus étonnant d'Agnès Varda. Ne serait-ce que son mélange des genres qui combine la comédie, la science-fiction, le thriller ou l'érotisme. On pourra aussi voir dans la manière dont est filmée cette histoire d'un couple réfugié, après un accident de voiture sur une île étrange, un tacle de la réalisatrice, une des rares femmes de la Nouvelle Vague, envers ses homologues masculins via une ton de semi-parodie du cinéma de Jean-Luc Godard comme de Claude Chabrol.
Les créatures est par ailleurs un film étonnamment cinéphile, Varda n'y craint pas d'assumer des influences, de Fritz Lang, par des clins d'oeil à la série des Mabuse à Ingmar Bergman, dont, en plus de reprendre le motif des parties d'échec du Septième sceau ou le contexte d'une pile, elle emprunte une des comédiennes, Eva Dahlbeck.
Ces références sont aussi ludiques que le puzzle du scénario, où s'esquisse peu à peu, une réflexion sur le libre arbitre que n'auraient pas reniée Roman Polanski ou Jean-Paul Sartre. Et pourtant, avec ce film des plus surprenants, c'est bien l'identité même du cinéma d'Agnès Varda qui s'impose: insaisissable, mutin et libre.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver JEU DE MASSACRE (Comme Les créatures, ce film d'Alain Jessua flirte avec le fantastique par la rencontre entre un homme et un auteur de BD, dont le premier pense être malgré lui un des personnages.) ou encore LE DÉMON DANS L'ÎLE (L'action de ce film fantastique français se déroule dans le même climat d'étrangeté que Les créatures. Qui plus est dans une île bretonne voisine de Noirmoutier, théâtre du film de Varda.).

Lorsque Les créatures sort en 1966, le quatrième long métrage d'Agnès Varda désarçonne critique et public. Malgré ses têtes d'affiches populaires, Catherine Deneuve et Michel Piccoli, il est boudé, et mettra un frein à la carrière de la réalisatrice.
Vu d'aujourd'hui, Les créatures semble pourtant parfaitement en phase avec son époque d'origine et de ce cinéma de la fin des années 60, s'autorisant des expérimentations de forme ou de récit. Varda n'est d'ailleurs pas si éloignée que ça de La Pointe Courte, son premier film : elle reprend et perfectionne dans Les Créatures, ce qui deviendra sa marque de fabrique, un mélange de scènes purement documentaires, ici tournées dans le port de Noirmoutier, et d'autres de pure fiction.Les créatures n'ayant de cesse de repousser les limites de l'un ou de l'autre, en faisant porter au personnage d'écrivain joué par Piccoli son propre nom ou en laissant planer un doute sur le quotidien de ces pêcheurs, sont-ils réels ou font-ils partie du livre que rédige Piccoli?
Après l'échec des Créatures, Varda échaudée ne se lancera plus ou presque dans des projets aussi hors-norme, elle y gagnera un statut d'auteur reconnu. Mais y a peut-être perdu celui d'une cinéaste de l'imaginaire...

Les créatures est un film plutôt fascinant, Agnes Varda y pousse très loin l’expérimentation, créant un mélange entre science fiction, drame introspectif et délire psychédélique. Etrangement assez peu de critiques ici y rendent vraiment hommage, malgré ses défauts ...

Le roman de Piccoli qui naît de rien est évidement une référence au nouveau roman, duquel les personnages réels rentrent dans l'imaginaire de Piccoli pour en faire les personnages de son récit (ses créatures), qu'il fait jouer sur un jeu d'échecs, dont les règles ...

Je suis loin de connaître tout Agnès Varda, mais de ce que j'ai vu (Cléo de 5 à 7, Le bonheur, La pointe courte, Sans toi ni loi), je suis enclin à affirmer que ses films ne sont jamais banals. Et ça, c'est déjà beaucoup.Juste après l'inoubliable Bonheur, Varda ...