LE SILENCE DE LORNA

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Lorna, une jeune émigrée albanaise vivant à Liège, a contracté un mariage blanc avec un junkie du cru pour obtenir la nationalité belge. Mais elle est sous la coupe d’un voyou, qui lui promet monts et merveilles si elle fait bénéficier à son tour un mafieux russe d’un passeport belge. Mais pour se faire, elle n’a pas d’autre choix que de faire passer son camé de mari de vie à trépas. Une overdose fatale est vite arrivée… Notre héroïne a beau avoir vraiment besoin d’argent, le deal est un peu déstabilisant, on en conviendra. Si le mariage est blanc, le film est bien noir.

Pour Jean-Pierre et Luc Dardenne, l’idée n’est pas de nous faire dresser les cheveux sur la tête devant le sordide de la situation, le scénario émanant, comme souvent chez ces cinéastes, d’un fait divers réel.  Mais bel et bien de faire vivre des personnages fragiles, révélateurs d’une société malade. Le Silence de Lorna n’est pas pour autant un film à thèse, pas plus que ne l’était Rosetta ou L’Enfant auparavant, ou comme le sera Le Jeune Ahmed quelques années plus tard. Les frères cherchent à montrer, pas à démontrer. A nous ensuite de nous faire une opinion…

Si les films des frères ne quittent jamais la région de Liège, qui est celle de leur enfance, ils séduisent un public nombreux, parfois loin des frontières de leur pays. Le Silence de Lorna est d’ailleurs une coproduction belgo-franco-germano-britannique… Et le film a évidemment été sélectionné au Festival de Cannes, où les frères avaient remporté auparavant deux Palmes d’or, pour Rosetta, en 2003 puis pour L’Enfant deux ans plus tard. Le Silence de Lorna se contentera du Prix du Scénario.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LA PROMESSE (C'est un autre film des frères Dardenne où le personnage principal se défait de son milieu et des magouilles auxquelles il est associé pour se racheter une conduite.) ou encore ILS ÉTAIENT NEUF CÉLIBATAIRES (Un film précurseur sur les mariages blancs).

Arta Dobrishi, qui incarne Lorna, est kosovare. Elle est née à Pristina, capitale de ce pays à majorité musulmane qui a acquis son autonomie, puis son indépendance au dépend de la Yougoslavie. Les Dardenne avaient jeté leur dévolu sur cette partie des Balkans, écumant le territoire de Pristina à Skopje, en passant par Tirana pour y trouver leur héroïne. Ils ont rencontré une centaine d’actrices professionnelles et non-professionnelles avant de demander à Arta, qu’ils avaient appréciée dans deux films albanais, de venir faire des essais à Liège. Essais mieux que concluants. Il restait à la jeune femme à apprendre le français… Il faut reconnaître que les frères ont souvent la main heureuse. C’est à eux que nous devons d’avoir découvert  Emilie Dequenne ou Déborah François, respectivement dans Rosetta et L’Enfant, leurs deux Palmes cannoises.

Jérémie Renier aussi leur doit beaucoup. Il était à l’affiche de La Promesse en 1996 (il a alors quinze ans) ainsi que dans l’Enfant. D’autres rôles suivront, La Fille inconnue, vingt ans plus tard, en passant par Le Gamin à vélo. C’est sans conteste chez les Dardenne qu’il est né en tant que comédien, les frères lui offrant certains de ses plus beaux rôles. Des rôles particulièrement âpres, en contraste total avec sa gueule d’ange. Avec une mention particulière pour Le Silence de Lorna, où il meurt d’une overdose après avoir rampé plus bas que terre pour se procurer sa dope, mais aussi pour L’Enfant où parmi les trafics minables qui constituent son quotidien, il parvient à vendre son bébé pour se faire un peu de thune…

L’univers des Dardenne, on l’aura compris, n’est pas celui des Bisounours. Il témoigne de l’horreur économique, de ces friches industrielles qui se sont développées là où brulaient les hauts-fourneaux quelques années plus tôt, de la disparition du lien social, de la déliquescence du travail, de la précarité des relations entre les êtres. Le constat est le plus souvent terrible. Et pourtant il émane des films des Dardenne cette bonne odeur d’homme, comme disait Renoir, un sentiment que l’humanité conserve des atouts. Et ce n’est sans doute pas un hasard si les personnages de leurs films ont pour la plupart l’occasion de se racheter. C’est le cas de Lorna, dont la dérive se termine au fond des bois, loin des hommes et de leur petitesse. Comme la base d’un nouveau départ…

(critique à légère contenance de spoilers) Très beau film, incontestablement. Mais qu'est-ce qu'on se fait chier. Alors, oui, je vous entends déjà : "Mais c'est ce que tu dis tout le temps ! Alors pourquoi est-que tu mets une bonne note ?". Je vous répondrai donc qu'un ...

Les frères Dardenne ne se renouvellent jamais, mais montrent à chaque fois la maîtrise folle de leur cinéma qu'on ne saurait leur en vouloir. Le Silence de Lorna ne déroge donc pas à la règle. La caméra suit sans cesse l'héroïne du film, Lorna, dans ce qui est peut-être ...

Lorna est une jeune albanaise à la vie plutôt agitée. Elle habite en Belgique et prend la nationalité de ce pays grâce à un mariage blanc qu'elle a contracté avec Claudy un jeune Junkie. Bien que vivant le même appartement, rien ne rapproche ce couple complètement disparate. ...