LE CERCLE ROUGE (VERSION RESTAURÉE) en VOD
- De
- 1970
- 135 mn
- Policier / Suspense
- France | Italie
- Tous publics
- VF - HD
Réalisé par
1 MIN AVANT
Le Cercle rouge, réalisé en 1970 par Jean-Pierre Melville, poursuit ce que le cinéaste avait poussé déjà loin et avec brio dans Le Samouraï : styliser jusqu’à l’épure le film noir, assécher sa mythologie, ne plus en retenir que des motifs abstraits, des personnages fantômes, comme désincarnés, figés dans un rôle à l’issue certaine. Tout se resserre entre flics et voyous, un monde d’hommes dont on mesure la porosité, où les femmes sont rejetées dans la figuration, un cinéma déterminé par l’action, limitant les dialogues. Une vaste partie d’échecs, ou peut-être le cauchemar d’un film noir, rêvé par les personnages.
Tout commence par une citation attribuée à Bouddha traçant un cercle de craie rouge : "Quand des hommes, même s’ils s’ignorent, doivent se retrouver un jour, tout peut arriver à chacun d’entre eux, et ils peuvent suivre des chemins divergents ; au jour dit, inexorablement, ils seront réunis dans le cercle rouge." Ces hommes sont Jeff Corey, qui sort de prison après cinq ans, règle ses comptes avec un truand de Marseille et regagne la capitale en voiture, Vogel, un truand en cavale, Jansen, ex-flic alcoolique, tireur d’élite et passé du côté des voyous, Santi, le patron d’une boîte de nuit et le commissaire Mattei, sur la piste de Vogel. Les circonstances réunissent les trois premiers pour un casse d’envergure, une bijouterie de la place Vendôme. Froid et déterminé, le commissaire manœuvre pour coincer les voleurs.
La stratégie et le hasard soutiennent ce récit tragique. Melville s’offre une séquence d’action pure en filmant le casse de la bijouterie en 25 mn sans un dialogue. Avec son chef opérateur attitré, Henri Decae, il crée des ambiances de désolation, dans des lumières bleutées et froides, vastes étendues silencieuses, rues sans figuration, comme mortes. Pour les hanter, il ne peut choisir que des stars, immédiatement crédibles pour la certitude de leurs gestes et leurs seules présences. Dans cette économie austère, une icône comme Alain Delon est le fantôme melvillien idéal. Bourvil, Yves Montand, François Périer sont remarquables.
Dans le même genre vous pouvez trouver MÉLODIE EN SOUS-SOL (Parce que c'est encore la faute à la fatalité. Les casses audacieux finissent toujours mal) ou encore LES COMPLICES DE LA DERNIÈRE CHANCE ((Richard Fleischer, 1972). Comme Alain Delon, George C. Scott est un truand d'un cinéma policier révolu dans lequel la mythologie n'a plus cours. Ils sont des fantômes.).