LA CONQUÊTE DE L'OUEST

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La conquête de l'Ouest aurait pu s'intituler : La reconquête du cinéma. Cette colossale fresque retraçant l'histoire des USA de 1839 à 1889 via quatre générations d'une famille de pionniers fut conçue dans un seul et unique but : faire revenir en masse le public qui commençait en ce début des années 60 à déserter les salles en faveur de la télévision.
La MGM décida de parler à la fibre américaine en évoquant dans ce film les thèmes fondateurs de sa civilisation : l'expansion sur les terres sauvages, les conflits avec les Indiens, la guerre de Sécession, l'industrialisation avec l'arrivée du chemin de fer, le tout par le prisme d'une famille. La conquête de l'Ouest fut d'autant plus un projet titanesque que le studio voulait y faire participer les plus grands noms du cinéma, dans l'équipe technique comme au casting. De Marlon Brando à Kirk Douglas, d'Audrey Hepburn à Burt Lancaster ou James Cagney, tous furent envisagés, seuls une vingtaine (parmi lesquels Henry Fonda, Gregory Peck, James Stewart ou John Wayne) seront finalement présents.
Pour gérer ses acteurs et techniciens de renom, trois  réalisateurs qui ont marqué de leur empreintes le cinéma hollywoodien : Henry Hathaway, John Ford et George Marshall. Ou plutôt quatre, le non moins imposant Richard Thorpe, qui a signé les séquences transitionnelles entre les cinq segments du film n'étant pas crédité au générique. A défaut d'avoir stoppé la migration du public vers le petit écran qui s'intensifia au long des années 60, La conquête de l'Ouest s'avéra payant : cette saga fut le plus gros succès au box-office américain de 1962.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LA PORTE DU PARADIS (En prolongement de La conquête de l'Ouest, un autre regard (et une autre fresque luxueuse) sur l'Amérique et ses changements.) ou encore LA KERMESSE DE L'OUEST (L'histoire de la ruée vers l'or, filmée en 70 mm. et en musique !).

Pour appuyer l'aspect monumental de La conquête de l'Ouest, la MGM décida de le tourner en Cinerama. Inventé dans les années 50, ce format fut l'équivalent de l'IMAX aujourd'hui, notamment en faisant appel des écrans gigantesques. Son principe constituait à synchroniser et coller les images prises par trois caméras 70 mm pour n'en former qu'une seule. Le Cinerama fut dans un premier temps utilisé pour des documentaires animaliers, La conquête de l'Ouest fut l'un des deux seuls films de fiction tournés sous ce format.
Et pour cause : pour aussi spectaculaire que soit le résultat en salles, la gestion du Cinerama était des plus contraignante. Notamment pour les acteurs, qui ne sachant pas quelle des trois caméras, ni quelle des trois lentilles de chaque appareil, était sur eux, avaient tendance à regarder soit trop haut, soit trop bas. Par ailleurs, basé sur une image très large, le Cinerama, n'était pas du tout adapté aux gros plans. Sans compter le temps, démultiplié par rapport à une production "classique", de préparation technique. La scène de l'attaque d'Indiens de La conquête de l'Ouest nécessita a elle seule trois jours de mise en place pour ne durer que quelques secondes à l'écran.
Plus gênant, la définition d'image du Cinerama entrainait des coûts supplémentaires, que ce soit, pour La conquête de l'Ouest, l'obligation de coudre tous les costumes à la main et non à la machine, afin de conserver une touche réaliste à l'écran, ou pour créer des subterfuges au montage capables de dissimuler les jointures entre les trois images. Trop contraignant, bien que très apprécié du public, ce format fut rapidement abandonné. Ou presque, afin de ne pas mettre en faillite les salles qui avaient investis dans des écrans spécifiques pour le diffuser, les créateurs du Cinerama conçurent une petite tricherie technique, permettant de gonfler les films tournés en 70 mm. C'est ainsi que les salles concernées purent projeter des films formellement révolutionnaires, comme 2001 odyssée de l'espace.

Le film se veut une évocation du Far West en 5 parties, une vaste épopée regroupant les principales étapes ayant forgé la légende de l'Ouest américain : les trappeurs et les Indiens, la ruée vers l'or, la guerre de Sécession, la construction du chemin de fer par l'Union ...

Raconter cinquante années d'histoire des Etats-Unis en 2h40 et en Cinérama avec un casting délirant et trois réalisateurs aux manettes, voilà le projet de cette grosse production de 1962 qui, si elle ne transcende jamais son sujet, arrive néanmoins à rendre une copie honorable. Le ...

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