L'ÉCOLE DES COCOTTES en VOD
- De
- 1958
- 102 mn
Ginette, une prostituée aimerait vivre aux crochets de Robert, mais il est désargenté. Les visites parallèles d'un aristocrate qui voudrait qu'elle lui apprenne les bonnes maninières et en faire sa courtisane et d'un riche commerçant prêt à l'installer à son domicle lui font miroiter des opportunités pour grimper dans l'échelle sociale, mais au détriment de sa relation avec Robert....
- Comédie
- France
- Tous publics
- VF - HD
PARCE QUE
Parce qu'il faut ressortir des limbes Jacqueline Audry, réalisatrice pionnière dans son audace : dès 1946, année de sortie de son premier long-métrage, une adaptation des Malheurs de Sophie, elle n'a de cesse de faire un cinéma dédié aux femmes. Chainon manquant entre Germaine Dulac, pour la génération précédente, et Agnès Varda pour la suivante, Audry infiltre le cinéma populaire pour y parler du désir et de l'émancipation au féminin. Seule réalisatrice ayant pignon sur rue dans l'industrie française d'après-guerre, elle est capable d'aborder frontalement, entre autres, la question du lesbianisme (Olivia), de la libération des mœurs ( La garçonne) ou donc l'ambition personnelle avec L'école des cocottes.
L'école des cocottes est basé sur une pièce de théâtre qui fut un énorme succès dans le Paris des années folles. Elle sera portée à l'écran plusieurs fois avant que Jacqueline Audry ne s'y penche, mais ces versions précédentes s'efforçaient d'assouplir le propos provocant en en repre nant essentiellement son moteur, un récit d'apprentissage, très proche de Pygmalion, le classique de George Bernard Shaw, donnant le beau rôle aux hommes ou en s'achevant sur les regrets d'une Ginette devenue une des courtisanes les plus connues de Paris, ayant acquis fortune au détriment de ses sentiments. Audry retournera ce principe pour en faire le portrait d'une jeune femme décomplexée.
L'école des cocottes s'amuse aussi de la censure qui veille au grain dans cette fin d'années 50. Puisqu'elle s'offusquerait forcément d'une approche bienveillante et frontale de la prostitution, Audry et ses scénaristes abordent la chose par un pas de côté, en ne faisant pas de Ginette une apprentie tapineuse, mais une couturière désargentée qui va devenir une cocotte. C'est sous ce terme que l'on désignait depuis de le seconde empire, les travailleuses du sexe se faisant rémunerer pour leurs services, mais surtout celles qui étaient tolérées car non repertoriées par la police. Le ton de L'école des cocottes peut donc par ce subterfuge taquin, conserver un ton joyeusement frivole tout en ne laissant personne dupe.
Le choix de Dany Robin pour interpréter Ginette est des plus judicieux. L'actrice devenue la petite chérie du public pour ses nombreux rôles d'ingénues inoffensives, contribue à la modernité voulue par Audry tout comme à la surprise d'un film en apparence vaudeville sage mais s'avérant bien plus taquin. L'école des cocottes prenant soin d'un féminisme plus collectif : si Robin est des plus pétillantes, d'autres personnages, comme Mademoiselle Amélie (jouée par Odette Laure), jeune femme plus éthérée, ayant plus de mal à grimper l'échelle sociale n'est pas moins attachante. On notera pour autant du côté des hommes, un casting tout aussi affiné d'un Bernard Blier en Labaume, dindon de la farce malgré lui à un débutant Jean-Claude Brialy en Robert, dépassé par l'ascension fulgurante de Ginette.