FROST-NIXON : L'HEURE DE VÉRITÉ

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En 1977, Richard Nixon tenta de redorer une image catastrophique, suite à l’affaire du Watergate qui avait mené à sa démission en août 1974. Refusant les nombreuses offres d’interviews qui lui avaient été faites jusque là, il accepta celle du journaliste David Frost, pour relancer le plan marketing autour des mémoires de l’ancien locataire de la Maison-Blanche éditées quelques mois plus tôt. 

De son côté Frost avait aussi une carte maîtresse à jouer : ces émissions représentaient son potentiel retour vers la popularité après que son talk-show ait été annulé. En 68, Frost avait déjà interviewé Nixon, pour une émission restée célèbre comme un modèle de cirage de pompes. Neuf ans plus tard, les deux hommes avaient des objectifs très différents, beaucoup plus stratégiques. 

Avec Frost/Nixon, Ron Howard relate ce second duel médiatique qui fit date dans les annales de la télévision américaine. Une reconstitution passionnante à plus d’un titre, ne serait-ce que dans certains aspects prophétiques, quand des années après ce débat comme après ce film, les rapports entre politique et communication, sont devenus, bien au-delà de ce cas américain, via les désormais fameux « éléments de langage »  plus que jamais prépondérants.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver GOOD NIGHT AND GOOD LUCK (Un autre film sur une légende du journalisme politique, américain cette fois-ci) ou encore NIXON (Le biopic du controversé président américain par Oliver Stone.).

A l’origine Frost/Nixon est une pièce de théâtre écrite par Peter Morgan. Elle fit ses débuts à Londres en août 2006, Michael Sheen et Frank Langella y tenaient déjà les rôles de David Frost et Richard Nixon. Six mois plus tard, quand la pièce débarque à Broadway, l’idée d’un film était déjà bien avancée.

Avant que Ron Howard ne le dirige, d’autres réalisateurs avaient été approchés  comme Martin Scorsese, Mike Nichols, Sam Mendes où même George Clooney. Howard, plus habitué à des films de divertissement très grand public, que ce soit Le Grinch ou Da Vinci Code, ne s’était encore jamais affronté à un cinéma sur fond de politique. Il avouera de lui-même que son implication est due au fait qu’il avait voté Nixon lors de l’élection de 1972 et qu’il s’en était toujours voulu de ce choix. Peut-être a t-il été aussi marqué par une pure coïncidence : le 23 mars 1977, jour où débutèrent  les enregistrements des véritables interviews est aussi celui des toutes premières projections en salles de Grand Theft Auto, le premier long métrage d’Howard. 

La vision de Nixon par Howard et Peter Morgan, scénariste passionné par le rapport entre politique et pouvoir – il a notamment écrit The queen, le film de Stephen Frears- ne fut pas du goût de tout le monde. Notamment Jonathan Aitken, un des biographes officiels de l’ex-président américaine qui s’offusqua de l’image d’un Nixon porté sur l’alcool ou tiqua sur les séquences concernant le dernier entretien avec Frost, jurant que contrairement à ce que montre le film, c’est Nixon qui a manipulé le journaliste, par des confessions préparées en amont. La vérité ? On ne la saura jamais, Nixon ayant emporté ses secrets dans la tombe en avril 1994.

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