UNE SI JOLIE PETITE PLAGE (VERSION RESTAURÉE)

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Vous cherchiez une bonne petite comédie, à regarder entre amis ou en famille ? Un film sympa où l’on se marre avec de généreux sentiments ? Oui, bon ben ça ne sera pas pour cette fois !
Mais attendez car j’ai une proposition tout à fait honnête à vous faire en échange : d’accord, Une si jolie petite plage n’entre pas dans ces critères mais ses qualités devraient aisément vous convaincre... Nous sommes sur les rives de la mer du Nord, dans un petit hôtel ou Pierre, ancien pupille de l’Assistance Puiblique, revient sur les lieux de son enfance. Dans ses valises, le jeune homme traîne un lourd et dramatique secret. Un maître chanteur lancé à ses trousses va ajouter encore un peu de noirceur au décor, qui plus est baigné par une pluie incessante...
Marc Allégret signe un film dramatique intense et prenant, auréolé par la présence magnétique de ses deux comédiens principaux : Gérard Philipe et Madeleine Robinson, figures emblématiques du cinéma français de l’immédiate après-guerre...

 
Dans le même genre vous pouvez trouver PIETA (La perte de sa famille peut engendre bien des réactions dont certaines conduisent au crime... Deux belles études, rudes et prenantes sur ce thème...) ou encore L'HOTEL DE LA PLAGE (Dans le drame comme dans la comédie, un hôtel au bord de l'eau est un épatant réservoir à intrigues et à histoires qui ne demandent qu'à ressurgir...).

On a un peu oublié le cinéma d’Yves Allégret de nos jours. Il fut un temps, pourtant pas si éloigné, où ce réalisateur comptait parmi les plus importants. A son actif, des années 30 à 70, une trentaine de films dont certains font figure de classiques et qui l’ont vu tourner avec la fine fleur des comédiens français. Dédée d’Anvers en 1948 et Manège en 1950 avec Simone Signoret, (son épouse et mère de sa fille Catherine Allégret), Nez de cuir en 1952 avec Jean Marais, Les orgueilleux l’année suivante avec Michèle Morgan d’après un scénario de Jean-Paul Sartre ou Mam’zelle Nitouche en 54 avec notamment Fernandel et Louis de Funès.
Pour la télévision, Yves Allégret participa même au renouveau de la saga du Commissaire Maigret en réalisant plusieurs épisodes du feuilleton entre 1979 et 1981 avec Jean Richard dans le pardessus du célèbre policier inventé par Simenon...
Pour Une si jolie petite plage, le metteur en scène a convié devant sa caméra deux immenses vedettes de la fin des années 40. Madeleine Robinson, (qui interprète Marthe, la servante de l’hôtel), a connu une carrière exceptionnelle 60 ans durant, au cinéma mais aussi au théâtre et à la télévision. Inoubliable dans des films comme La grande Maguet, Le gentleman d’Epsom ou Le procès, elle partage ici l’affiche avec Gérard Philipe. Celui que l’on a longtemps considéré comme les plus emblématique jeune premier du cinéma français a traversé le grand écran à la façon d’un météore. Emporté par un cancer foudroyant en 1959 à l’âge de 37 ans, il avait eu le temps de graver les mémoires grâce à des films comme Le diable au corps, La chartreuse de Parme, Fanfan la tulipe, Les orgueilleux, Le rouge et le noir ou Les liaisons dangereuses. Comme un clin d’oeil à son destin tragique, dans le dernier plan du film, Yves Allégret a demandé à Gérard Philipe de marcher à l’envers pendant que la voiture traveling roulait vers lui. En passant le film à l’envers on voit le personnage s’éloigner sans qu’il y ait de traces de pas sur la plage.