TOO LATE en VOD
- De
- 2015
- 108 mn
- Policier / Suspense
- Etats-Unis
- Tous publics
- VO - HD
PARCE QUE
Mel Sampson, détective privé à Los Angeles, est contacté en urgence par une strip-teaseuse, Dorothy Mahler, qui craint pour sa vie. Mais lorsqu’il arrive sur les collines d’Hollywood, là où la jeune femme l’attendait, il la découvre morte. L’enquêteur n’aura de cesse de faire la lumière sur ce crime. Une épopée racontée en cinq chapitres, montés dans le désordre, multipliant les allers-retours entre passé et présent.
Difficile de ne pas ressentir l’influence de Pulp Fiction dans l’écriture de Too Late, premier et à ce jour unique long-métrage du cinéaste indépendant Dennis Hauck. Pourtant, si le film reprend à son compte deux principes fondamentaux du film de Tarantino (une grande place accordée aux dialogues et un montage qui s’affranchit de la chronologie), le film dénote par son atmosphère éthérée, comme s’il n’était qu’un assemblage de souvenirs, une sorte de rêverie désabusée. Si le film semble, a priori, suivre une recette archétypale, Dennis Hauck n’aura de cesse de disrupter cette situation initiale. La question de la vérité est ainsi particulièrement secondaire (le montage dévoile le commanditaire du meurtre dès le deuxième chapitre) et le film va plutôt chercher à saisir la sensibilité complexe de son héros. Mel est à la fois une image d’Épinal du détective privé à l’américaine (porté sur la boisson et les cigarettes, arrogant et toujours prompt à séduire les jeunes femmes qui l’entourent) autant qu’un personnage tragique, un homme frêle et fatigué, peinant de plus en plus à dissimuler l’impact de la violence sur sa psyché.
Souvent montée sur steadicam, la caméra du cinéaste suit les personnages dans des enfilades de décors vides, donnant au long-métrage et aux humains qui le peuplent une dimension fantasmatique. Le véritable personnage de Too Late est peut-être la ville de Los Angeles elle-même, véritable purgatoire bling-bling et poussiéreux, où les destins font du sur-place, où les victimes des inégalités sociales se résignent à subir l’injustice avec désinvolture. D’un drive-in perdu en plein désert jusqu’aux villas perchées sur les hauteurs en passant par une boîte de strip dépourvue de clients, le décor transmet toujours le même sentiment : celui d’une usine à rêves en panne sèche, où ne subsistent péniblement que celles et ceux qui ont accepté d’en être les fantômes.
Enfin, Dennis Hauck réunit devant sa caméra un casting de seconds rôles des plus attachants, ici mis en valeur comme rarement : John Hawkes est parfait dans le costume dégingandé de Sampson, tandis que Crystal Reed irradie l’écran dans la peau de Dorothy. Autour d’eux, on relève la présence du truculent Jeff Fahey, de l’éternel taciturne Robert Forster (déjà dans le Jackie Brown de Tarantino, d’ailleurs) et de Joanna Cassidy, la célèbre danseuse androïde de Blade Runner, ici des plus touchantes en mère dépassée par les événements.