SONS OF DENMARK

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Comment percevait-on les années 2020 en Europe, et plus particulièrement en Scandinavie à la fin des années 2010 ? Quels seraient les enjeux dans nos démocraties ? Sons of Denmark est un thriller d’anticipation à l’atmosphère sombre, réalisé et scénarisé par Ulaa Salim, dont les tensions se cristallisent assez rapidement via les actions d’un de ses principaux personnages, jeune, qui avant même d’avoir 20 ans se décide à se lancer dans le terrorisme pour défendre ce qu’il croit être sa cause. Skinheads au pouvoir, sentiment de danger parmi les minorités, le tableau dépeint dans Sons of Denmark est à la fois effrayant et captivant, tant il fait écho aux succès électoraux de l’extrême droite sur tous les continents.

Si les films traitant des conflits entre immigrés, réfugiés et nationalistes dans les pays occidentaux sont de plus en plus nombreux, rares sont ceux conçus par des cinéastes issus des minorités. C’est pourtant le cas de Sons of Denmark, Ulaa Salim étant danois d’origine irakienne par ses parents. De là une différence de traitement du sujet, avec un point de vue adopté qui fait la part belle aux plus démunis, impuissants face à la montée de l’extrême droite au Danemark dans le film et à la violence qui s’ensuit. De l’infiltration des cellules islamistes à l’aveuglement côté autorités face à la menace autoritariste, Sons of Denmark est un film engagé, qui apparaît comme le fruit d’une inquiétude du côté de Ulaa Salim.

Thriller d’anticipation, film policier, Sons of Denmark se démarque également par son style musclé, moins du côté des autorités que de celui des victimes d’actes de violence. On peut y voir à plusieurs reprises des sols jonchés de têtes de porc coupées, en sang, des tags appelant à l’exil des étrangers de confession musulmane ou à leur lynchage, comme des actes de barbarie perpétrés par l’ultra droite. Chargé en émotions, il est impossible devant le film d’y rester insensible, tant le message fort se veut pessimiste.

Sons of Denmark est-il un film dangereux ? C’est en tout cas ce qu’aurait affirmé un député d’extrême droite danois, membre du Parti populaire danois, Alex Ahrendtsen. Récompensé cinq fois aux Bodil Awards au Danemark, soit l’équivalent de nos César en France, le film interroge de par son déroulement et sa conclusion. S’il constitue un cri d’alerte, Sons of Denmark nous entraîne dans une spirale infernale de surenchère et de crimes commis à l’égard des immigrés et de leurs descendants, sans apporter de réponses. La violence appelle-t-elle la violence ? Quels sont les recours, les moyens de se défendre qui existent pour les minorités ? À travers son scénario, c’est toute une réflexion sur la loi du talion qu’invoque Ulaa Salim, sans jamais affirmer sa pertinence réelle.