SMALL SOLDIER

en VOD

Dans son genre, Joe Dante est un génie, dépositaire d’un cinéma à la fois ludique et politique. Un jour, dans les ciné-clubs, on redécouvira son œuvre sarcastique, souvent critique envers la société matérialiste américaine. Et on cessera alors de le prendre pour un simple artisan du cinéma de genre. 

Sorti en 1998, Small Soldier est le onzième film de sa filmographie, laquelle compte déjà à l’époque des titres aussi recommandables que Piranhas, L’aventure intérieure et Gremlins 1 et 2. Steven Spielberg, à qui Dante doit beaucoup, est une nouvelle fois en couverture pour soutenir et encourager l'œuvre de Dante, dont l’audace surprend. Le propos emprunte une nouvelle fois au registre fantastique et voit des jouets échapper à leurs créateurs.  

Quelque part entre Gremlins et Toy Story, Small Soldier sollicite dans un premier temps nos restes d’enfance pour ensuite parvenir à nous faire frémir. A fortiori lorsqu’on comprend que ces figurines martiales, elles, plus Chucky que Buzz l'Éclair ne jouent pas du tout ; et que le risque qu'elles représentent est réel, rendu possible par l’irresponsabilité d’un homme d’affaires sans scrupule. Entre action, comédie et un goût immodéré pour le pastiche, Joe Dante joue avec nos nerfs. Et on adore ça. 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver GREMLINS (1984) (Réalisé par le même Joe Dante quelques années plus tôt, Small Soldiers met en scène un autre type de créatures ayant échappé à leurs créateurs, pour semer la panique dans une petite ville américaine.) ou encore TOY STORY (1996) (Ici aussi? les jouets ont une âme...).

Comme dans Gremlins, Joe Dante s’amuse à balancer un corps étranger dans un environnement familier pour y semer la plus grande pagaille. Et comme dans Gremlins c’est une faille humaine qui est à l’origine de la situation. Dans son livre d’entretiens, Joe Dante raconte combien le plateau de Small Soldier était souvent soumis à l'improvisation. « Je recevais des pages écrites par des scénaristes qui n'avaient pas lu ce qu'avaient écrit les autres, et à la fin, une grande part du scénario a été réécrite par ma scripte et moi dans notre loge sur le plateau ». 

Après six années consacrées à élaborer un scénario satisfaisant, Small Soldier est le premier long métrage sorti sous pavillon Dreamworks, studio créé par Steven Spielberg, Jeffrey Katzenberg et David Geffen. Jamais Joe Dante n’a disposé d’un budget aussi conséquent (40 millions de dollars) pour réaliser un film ; et paradoxalement, jamais Spielberg n’avait fait preuve d’autant de discrétion au côté de son poulain, sinon comme simple superviseur des effets spéciaux, ainsi qu’il apparaît de manière fugace dans le making of. Le fameux “Spielberg présente” glissé au début du générique de Gremlins a ici disparu. Comme s’il lui donnait les clés du camion, lui souhaitant de goûter seul le parfum du succès. Ou comme si au contraire il voulait se préserver d’un éventuel échec ? Il ne le sera pas, le film rapportant au final le double de son prix.

Une chose à particulièrement bien vieilli dans le film : les effets spéciaux. La présence de Stan Winston y est pour beaucoup. Le design des jouets et surtout les animatroniques lui ont été confiés. Et il sait faire puisque son savoir-faire est associé à des films tels Predator, Terminator, ou Edward aux mains d’argent. L’animation des jouets se fait en deux temps. D’abord, telles des marionnettes, elles sont commandées par des baguettes, qui sont ensuite effacées de manière numérique. Ensuite, direction le studio ILM - créé par George Lucas - pour le travail d’expression des visages notamment et l’incrustation des scènes numériques aux prises de vues réelles. Impressionnant.

Quand des figurines sont dotées de puces électroniques militaires dernier cri, la guerre ne peut qu'éclater entre soldats et Gorgonites, et elle sera violente pour tout ce qui est fait de résine ! L'humanité est-elle à l'abri pour autant ? Menée tambour battant par un Chip ...

Un Toy story version badass ou un Expendables miniature, le projet s'inscrit dans l'obsession propre aux années 80/90 des jouets vivants "dénaturés" façon Chucky mais le résultat est savoureusement funky. Une fois passé l'intro nécessaire le film part dans un délire jouissif ...

Je ne sais plus si c'est la deuxième ou la troisième fois que je vois Small Soldiers, toujours est-il que cette fois-ci je l'ai vu avec un oeil nouveau. Forcément, plus vieux de 22 ans, il n'y a rien d'étonnant. (J'ai à peu près le même âge que Kirsten Dunst). Toutefois, ...