SAUVEZ LE NEPTUNE

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Voilà un film au croisement de deux genres : le film de sous-marin et le film catastrophe, sans que jamais il ne soit question de guerre. En effet, le Neptune, fleuron de la Marine américaine, ne se trouve pas plongé ici au cœur d’un quelconque conflit belliqueux pendant la Guerre froide, comme l'imaginerait plus tard John McTiernan dans A la poursuite d’Octobre Rouge. Son équipage n’a qu’une idée en tête, œuvrer à sa survie au fond de l’océan, après avoir été percuté de nuit par un cargo norvégien qui avançait sans radar.  

Dès lors, le sauvetage va devenir l’affaire de trois hommes. Le capitaine du sous-marin (Charlton Heston), l’officier qui dirige le sauvetage depuis la côte (Stacy Keach) et l’ingénieur qui vient de mettre au point le bathyscaphe sur lequel repose la réussite de l’opération (David Carradine). Opération d’autant plus délicate, qu’en équilibre sur un récif instable, le Neptune s’enfonce à plusieurs reprises sous l'effet d’éboulements.   

Avec des moyens relativement limités, le réalisateur britannique David Greene (cf Godspell, 1973) mise sur la tension psychologique et joue la carte du suspense classique avec efficacité, notamment par le biais d’un gros plan répété sur un sas soumis à une pression qu’on devine colossale et laisse s’infiltrer de plus en plus d’eau… En décrivant les rapports faits de noblesse et de loyauté qui lient ces hommes dans l'adversité, Sauvez le Neptune promeut également les valeurs de l’US Navy dans un exercice de propagande soft. Il n’en reste pas moins un spectacle captivant. 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver A LA POURSUITE D'OCTOBRE ROUGE (1990) (Parce que le film de John McTiernan est un de meilleurs films de sous-marins.) ou encore KURSK (2018) (Parce qu'ici aussi il s'agît d'un naufrage, mais inspiré d'une histoire vraie. Réalisé par Thomas Vinterberg.).

Échec relatif à sa sortie, Sauvez le Neptune gagne à être redécouvert pour la qualité de son écriture. A sa décharge, le long métrage de David Greene arrivait en fin de course dans le registre du film catastrophe, manne financière pour Hollywood dans les années 70. Après Airport (1971), La Tour infernale (1974), L’Aventure du Poséidon (1972) ou L’Odyssée du Hindenbourg (1975), le public, repu, avait fini par dire stop à la surenchère d’accidents en tout genre.  

Sauvez le Neptune occupe une place à part dans la filmographie de Charlton Heston âgé de 55 ans à la sortie du film. Le Capitaine qu’il joue ici réalise sa dernière sortie et aspire à une retraite dorée avant qu’un cargo aveugle ne vienne gâcher sa sortie. Un rôle de loser, qui ose afficher son impuissance à régler la situation que vit son équipage et part s'effondrer dans sa chambre quand personne ne le voit ! Un vrai rôle de composition pour le puissant Ben Hur, qui incarnait depuis des années le héros emblématique du cinéma américain. Après le succès de La Planète des singes (1968) , Heston s’était illustré dans Le Survivant (1971), Soleil Vert (1973), 747 en péril (1974) ou encore La Bataille de Midway (1976). Respect.

Sauvez le Neptune offre sa première apparition à Christopher Reeve dans un rôle secondaire. La même année, il devenait le roi des super-héros au générique de Superman de Richard Donner qui allait faire exploser sa notoriété. Il y retrouvait Ned Beatty, qui dans Neptune joue le fidèle second de David Carradine. Le grand public avait découvert le talent de Beatty dans Délivrance de John Boorman (1972). Stacy Keach attendrait le milieu des années 80 pour devenir une personnalité publique en incarnant le détective Mike Hammer à la télévision. A l’inverse, David Carradine était déjà une star du petit écran à la sortie de Sauvez le Neptune, grâce à la série Kung Fu. Après une apparition remarquée et insolite dans l’univers d’Ingmar Bergman (L'œuf du serpent, 1977), il allait progressivement se faire une place de choix au cinéma, au générique de films majeurs comme Kill Bill.

Voici un film sorti un peu à la sauvette en 1978, en tout cas passé assez inaperçu, et qui s'inscrit dans la catégorie des films catastrophe de la décennie 70 qui a vu ce genre de production s'additionner. Comme je le disais, le film est de 1978, on est donc en fin de décennie, ...