PARS VITE ET REVIENS TARD

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Au milieu des années 2000, alors qu’il n’avait jamais tourné de film policier, Régis Wargnier (bientôt 60 ans) reçoit la proposition de porter à l’écran le neuvième roman policier de Fred Vargas, Pars vite et reviens tard, Prix des libraires et des lectrices du magazine Elle, en 2002. « J’ai eu un vrai coup de cœur, dès la première lecture », expliqua le réalisateur d’Indochine qui, en compagnie de trois autres scénaristes, allait longuement travailler à l’adaptation de ce foisonnant récit, balançant, comme souvent chez la romancière, entre modernité et vieilles peurs ancestrales.

De nos jours, à Paris, on découvre d’étranges signes sur les portes des immeubles et des appartements. Parallèlement, un premier cadavre est découvert, nu et maculé de tâches noirâtres. C’est là que le commissaire Jean-Baptiste Adamsberg entre en scène.

Dans le rôle de ce policier instinctif et taiseux, récurrent personnage vargassien, Régis Wargnier choisit José Garcia qui, outre les nombreuses comédies qui l’avait rendu célèbre, comptait, déjà, dans sa filmographie quelques titres à intention moins humoristique, tels que Extension du domaine de la lutte de Philippe Harel ou le Couperet de Costa-Gavras. A ses  côtés, vous reconnaîtrez notamment Lucas Belvaux, Olivier Gourmet, Michel Serrault et, dans un rôle très important : Paris.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver SEVEN (1995) (Ici, ce sont les 7 péchés capitaux qui inspirent un tueur en série, aussi cultivé que cruel.) ou encore MAIGRET TEND UN PIÈGE (1958) (Aussi taciturne et instinctif que Jean-Baptiste Adamsberg, Jules Maigret mène l’enquête, lui aussi, avec son flaire.).

C’est le comédien Jean Rochefort qui, le premier, avait acheté les droits du roman de Fred Vargas et en avait proposé la réalisation à Claude Miller. Sans doute, se voyait-il déjà dans le rôle du vieil érudit propriétaire de cette modeste pension de famille, mais le projet capota et Rochefort revendit les droits à Cyril Colbeau-Justin et Jean-Baptiste Dupont, jeunes producteurs auxquels le polar semblait porter chance depuis la sortie de 36 Quai des Orfèvres, le fameux film d’Olivier Marchal. Une fois acceptée la proposition, Régis Wargnier décida de réaliser un film très contemporain, au cœur de Paris, en tournant ostensiblement le dos à son riche patrimoine architectural. C’est ainsi qu’il arpenta en tous sens la capitale, afin d’y dénicher les lieux adéquats, en particulier cette place Stravinsky, conciliant, à elle seule, le Paris contemporain, avec les sculptures de Niki de Saint Phalle et le Centre Beaubourg, et le Paris historique, avec l’église Saint-Merri. Dans le roman, c’est au carrefour Edgard-Quinet, près de Montparnasse, que se tient l’étrange crieur de nouvelles.

Avec un pseudonyme inspiré du personnage d’Ava Gardner dans la Comtesse aux pieds nus, Fred Vargas, auteur de romans policiers mais, aussi, archéologue et historienne du moyen-âge, aurait pu participer à l’écriture du film. Elle n’en fit rien, laissant toute liberté à Régis Wargnier. « Je fais mon boulot, et vous le vôtre », lui dit-elle. Femme de lettres elle ne voulait pas entraver l’imagination de l’homme d’images. Malheureusement, contrairement au livre, le film fut particulièrement mal accueilli par la critique qui, dans l’ensemble, ne lui laissa aucune chance : « Film soporifique » (les Echos), « Glauque et grandiloquent » (Marianne), « Un polar qu’on oublie sans effort » (Télérama) « Mise en scène discount sous des airs chiadés » (les Cahiers du cinéma) !

Le moins que l’on puisse dire c’est que cet insuccès incita à la prudence. Voilà pourquoi, contrairement à ce qui avait été envisagé, José Garcia ne reprit pas le personnage d’Adamsberg dans un second film, laissant à son confrère Jean-Hugues Anglade le soin de mener, à la télévision, quatre enquêtes d’Adamsberg, adaptées de quatre autres romans de Fred Vargas et mises en scène par Josée Dayan. Enfin, le rôle de Camille, l’évanescente compagne du commissaire, est interprété par la Vietnamienne Linh Dan Pham, que Régis Wargnier avait fait débuter quinze ans plus tôt dans Indochine. Elle y jouait le rôle de la fille adoptive de Catherine Deneuve, une princesse de 19 ans, déjà prénommée Camille !

Vraiment un bon thriller. José Garcia ne brille pas vraiment par sa performance, mais on lui en demande peu et il a le mérite de bien s'en tirer. Le film est vraiment très bien fait avec une ambiance vraiment particulière qui lui est propre, et le tout tient vraiment bien ...