NAHID en VOD
- De
- 2016
- 101 mn
- Drame
- Iran
- Tous publics
- VO - HD
PARCE QUE
De prime abord, on se croirait dans un film d'Asghar Farhadi : la société iranienne contemporaine, des questions de mœurs, de mécaniques du mensonge et d’une famille en souffrance. C’est vrai que Nahid est fait de tout ça, mais avec sa propre couleur, son propre ton.
Concernant les couleurs d’abord, c’est un film gris, noir, où l’éclat est absent. Il souligne l’état d’entre-deux de l’héroïne éponyme qui, après un divorce, voit sa promesse de ne pas se remarier mise à mal. En effet, elle fréquente un homme qui veut l’épouser. Or, si elle se remarie, elle perd la garde de son fils, adolescent un brin turbulent de surcroît. Ce gris, il raconte aussi l’Iran sclérosée dans ses principes et ses traditions. On le voit avec les soulèvements populaires depuis 2023 : l’Iran souffre, son peuple en premier.
C’est là que le ton rentre en jeu. Si dans Une Séparation de Farhadi, le dilemme social amenait à une sorte de statu quo, dans Nahid, il est question de révolte empêchée. Nahid subit le cadre imposé : son fils ou son nouvel amour. Elle est, par-dessus tout ça, dans une situation financière très précaire, presque à la rue. Et contrairement au film de Farhadi, la réalisatrice Ida Panahandeh souhaite le soulèvement et la colère. Même au pied du mur, son héroïne insiste.
À l’heure où des cinéastes comme Mohammed Rassoulof ou Jafar Panahi fuient leur pays ou se cachent, Ida Panahandeh ose au grand jour ce film faussement calme en guise de porte-voix. Si Nahid est si beau, c’est parce qu’il raconte à la fois cette histoire universelle de femmes aux droits bafoués, mais aussi la situation d’un pays au bord du gouffre. Cette alchimie rend le film très émouvant, pour ne pas dire poignant.