MITRAILLETTE KELLY

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Ce film culte offre un aperçu du génie de Roger Corman, légende absolue du cinéma hollywoodien, qui a fêté ses 98 ans le 5 avril 2024. Producteur de près de 500 films, il a lancé les carrières de Francis Coppola, James Cameron, Joe Dante et Jack Nicholson (entre autres), qui ont fait leurs armes dans les séries B d'exploitation made in Corman telles que L'halluciné, La Galaxie de la Terreur, Piranhas et La Petite Boutique des Horreurs.

Durant ses presque 70 ans de carrière (un record), Corman est également passé derrière la caméra, réalisant une cinquantaine de long-métrages du milieu des années 50 au début des années 70. Avec, dans un premier temps, des séries B fauchées tournées en noir et blanc et explorant tous les genres tels que le western (Cinq fusils à l'ouest), le film de guerre (Sky Troopers), quelques teen movies sur fond de musique rock (Rock All Night) et, bien sûr, d'innombrables films fantastiques, d'horreur et de science-fiction, dont les célèbres adaptations d'Edgar Poe tournées à la chaîne dans les années 60 (La Chute de la Maison Usher, L'Empire de la Terreur, Le Masque de la Mort Rouge, L'Enterré Vivant, etc).

Parmi sa longue filmographie, Roger Corman a signé quelques petits chefs-d'œuvre, dont l'un des meilleurs reste Machine-Gun Kelly, distribué en France sous le titre de Mitraillette Kelly. Son 21e film (trois ans après ses débuts derrière la caméra en 1955 !), tourné pour 100 000 dollars et en seulement huit jours, retrace le parcours meurtrier de George R. Kelly, bootlegger, braqueur de banque et ravisseur qui a sévi dans les années 20 et 30 durant la période de la Grande Dépression. Un bad guy malfaisant incarné par Charles Bronson, qui tient là son premier grand rôle en tête d'affiche, après avoir été souvent cantonné à des douzièmes rôles pendant presque une décennie.

Grâce à la nervosité de sa mise en scène ultra-sèche et au jeu psychotique de Bronson (probablement le meilleur rôle de sa carrière), étonnant en criminel lâche et pleutre totalement sous la coupe de sa compagne dominatrice (Susan Cabot, qui deviendra La Femme Guêpe pour Corman un an plus tard), Mitraillette Kelly est digne des mythiques films de gangsters de la Warner des années 30 tels que L'Ennemi Public, Little Caesar ou Je Suis un Évadé. Avec des séquences étonnantes de modernité, comme celle où Bronson, décidément courageux, tremble devant un puma en cage, des dialogues teigneux pré-Tarantino et le hold-up du début entièrement muet et filmé en un seul plan fixe.

Une bonne surprise que ce film , réalisé avec (on suppose) trois dollars six cents en paraît-il seulement 8 jours. C'est plutôt bien mené (la scène inaugurale de braquage, non dialoguée), même si le rythme faiblit dans la dernière partie, avec l'histoire d'enlèvement. ...