LES BONNES MANIÈRES

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Les Bonnes manières n’est peut-être pas le film idéal à regarder pendant une grossesse. Tout commence sereinement par l’embauche de Clara une jeune infirmière appelée à devenir la nounou de l’enfant que porte Ana. En attendant la naissance, elle aide la future maman à s’organiser au quotidien.

La pleine lune déclenche cependant un comportement assez étrange chez Ana. Et qui dit pleine lune… dit loup-garou, ajouteront sans hésiter les amateurs de fantastique.  Les Bonnes manières n’est pourtant pas un film de genre classique. Son rythme, sa construction en deux parties - avant et après l’accouchement - révèlent une approche sensible bien particulière.

« Nous avons fait ce film pour aller vers toutes sortes d’émotions », revendiquent ses deux réalisateurs, les Brésiliens Marco Dutra et Juliana Rojas dont la première réalisation Trabalhar cansa avait été présentée dans la section Un certain regard à Cannes. Les Bonnes manières, pour sa part, a reçu plusieurs récompenses dont le Prix spécial du jury à Locarno en 2017 et le Prix du public à l’Etrange Festival.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver ROSEMARY'S BABY (Un même thème : et si l'enfant à venir était un monstre ?) ou encore UNE SECONDE MÈRE (Un autre film brésilien qui met en scène une nounou et montre l'importance de ces mères de substitution.).

Qui est la véritable mère d’un enfant ? La mère biologique ou la personne qui l’élève ? A cette question la deuxième partie des Bonnes manières apporte sa réponse. Les auteurs du film ont un point de vue clair : « Les liens du sang ne sont pas une condition sine qua non pour composer une famille. Ces liens familiaux peuvent aussi se développer autrement. » Juliana Rojas et Marco Dutra ont nourri leur travail en s’appuyant sur la pièce de Bertolt Brecht Le Cercle de craie caucasien, elle-même inspirée du fameux jugement de Salomon dans la Bible. En fait, devenir mère demande un vrai travail d’apprentissage et c’est sur ce point qu’insiste le film : pour élever Joel comme elle l’entend Clara doit apprendre à accepter la vraie nature de l’enfant.

Juliana Rojas et Marco Dutra se sont rencontrés alors qu’ils avaient 17-18 ans à l’école de cinéma et ils partagent des goûts cinématographiques communs allant de Walt Disney aux films d’horreur. Marco Dutra se souvient même qu’il devait avoir 7 ans à peine quand quand il a convaincu son père de me laisser voir Le Retour des morts-vivants. Les réalisateurs ont voulu donner aux Bonnes manières une tonalité de film pour enfants destiné aux adultes. « Même les films de Disney que nous aimons, comme La Belle au bois dormant ou Mary Poppins, ont une dimension adulte », expliquent-ils en citant la scène à la fois belle et effrayante où Blanche-Neige se perd dans les bois.

Pour les effets spéciaux, le tandem de cinéastes a fait appel à l’animatronique, combinaison de robotique et  de maquillage, et aux procédés numériques mais ils ont aussi beaucoup employé le matte painting. Cette technique ancienne consiste à utiliser des peintures en arrière-plan. Ils ont pour l’occasion revu une nouvelle fois Mary Poppins qui a recours à ce trucage. Les toiles peintes étaient pour eux un moyen idéal de combiner réalisme et dimension allégorique, de créer une logique de conte de fées. Leur objectif était de ne pas aller dans une irréalité trop grande que le spectateur n’accepterait plus, tout en gardant un ancrage dans le fantastique. Un dosage délicat !

Les critiques cinéphiles, qu’ils soient professionnels ou non, aiment à traiter des films en multipliant les références. Pour Les bonnes manières, film brésilien signé à 4 mains par Juliana Rojas et Marco Dutra, ce ne sera guère difficile : de Grave à Rosemary’s Baby ...

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Un ogre respecte-t-il « les bonnes manières » ? On ne s’étonnera pas de voir ici le protocole quelque peu bousculé et les différents genres cinématographiques se mêler, s’enchaîner les uns aux autres sans souci des barrières les séparant par leur nomenclature, voire ...