LE JARDIN DES FINZI-CONTINI

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Adapté du roman de Giorgio Bassani, Le jardin des Finzi-Contini fait partie des plus beaux succès du réalisateur Vittorio de Sica, qui lui valut d’ailleurs de recevoir l’Ours d’argent en 1971 et l’Oscar du Meilleur film étranger l’année suivante. En 1970, date à laquelle il réalise ce film, De Sica est à l’apogée de sa carrière.

Considéré comme l’un des maîtres du néoréalisme italien, il a déjà sorti Le voleur de bicyclette, Miracle a Milan et Umberto D, trois immenses classiques du cinéma mondial. Pas moins de cinq scénaristes participent à l’écriture du Jardin des Finzi-Contini, qui suit assez fidèlement la trame du roman, illustrant la montée du fascisme en Italie et les brimades de plus en plus explicites à l’égard des Juifs. Du jour où les clubs sportifs leur sont interdits, les deux aînés de la famille Finzi-Contini, notables juifs, se mettent à organiser des parties de tennis dans l’immense parc qui entoure la luxueuse propriété familiale.

L’occasion pour Giorgio, le narrateur de cette histoire, de nouer des liens avec la complexe Micol, princesse cloîtrée dans son palais de Ferrare, dont il est amoureux depuis l’enfance. On retrouve dans le rôle de Micol l’actrice Dominique Sanda, ancien mannequin révélé par Robert Bresson dans Une femme douce, et dans la peau de son frère Alberto le troublant Helmut Berger, acteur fétiche de Visconti, notamment dans Les Damnes et Ludwig. Salué par la critique et le public italiens, Le jardin des Finzi-Contini séduit aussi les spectateurs français : ils sont plus de 500 000 à aller voir le film à sa sortie, en décembre 1971.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE CHRIST S’EST ARRÊTE A EBOLI ou encore LES LUNETTES D'OR .

Giorgio Bassani avait dans un premier temps été associé au projet d’adaptation de son roman. Mais en assistant à la Première du film, l’écrivain découvre que la version du scénario sur laquelle il a travaillé a tout simplement été remplacée par une autre, signée Ugo Pirro, à qui l’on doit, la même année, Enquête sur un citoyen au dessus de tout soupçon. Peu satisfait du résultat, Bassani obtient, suite à une action en justice, que son nom soit retiré du générique, et il consacre même à cette expérience malheureuse un article intitulé Le Jardin trahi. 17 ans plus tard, un autre de ses romans est adapté au cinéma : Les lunettes d'or, avec Philippe Noiret et Rupert Evrett.

Si Bassani l’apprécie, il confie ne pas saisir, une nouvelle fois, le lien avec son roman. Le jardin des Finzi-Contini est une nouvelle démonstration des détours étonnants que prit la carrière de Dominique Sanda, une actrice française finalement peu employée dans son pays, mais très appréciée des réalisateurs italiens et américains : on la retrouve notamment au générique de L’heritage de Mauro Bolognini – film qui lui vaudra le Prix d’interprétation au festival de Cannes en 1976 – 1900 de Bernardo Bertolucci, mais aussi Le  piège signé John Huston. L’année 1970 marque aussi le début des fameuses Années de plomb en Italie, avec les premiers attentats imputables aux Brigades Rouges, mais aussi aux mouvements d’extrême droite qui opèrent un retour en force dans le pays. Dans ce contexte troublé, l’évocation de la montée du fascisme n’est évidemment pas anodine.

Le thème sera d’ailleurs repris par d’autres réalisateurs italiens : Francesco Rosi avec Le Christ s'est arrêté a Eboli, et Bernardo Bertolucci avec La stratégie de l'araignée et Le conformiste.